La redéfinition des priorités… Une Résolution pour le post-covid 19

Les mesures du confinement ont fait émerger des idées que nous avons toujours refoulées dans notre intérieur. La nécessité de redéfinir les priorités et d'en finir avec les tâtonnements est devenue une nécessité urgente.

Revenons un peu en arrière, les entrepreneurs ont peaufiné les plans de l'année 2020 et commencé à mettre en œuvre leurs premières résolutions, les écoliers et les étudiants aspiraient à de bons résultats scolaires et à réussir leurs examens. Et en quelques jours, tout a changé à une vitesse fulgurante : le chant des oiseaux brise le silence des rues des villes naguère animées et la distanciation sociale, interprétée comme une expression d'aliénation, a été décrétée pour éviter la contagion. La norme à l'époque de la maladie à coronavirus est le célèbre précepte : Loin des yeux, près du cœur. Personnellement, la question me tient beaucoup à cœur car j'ai préféré rester loin de ma mère pendant une période de trois semaines afin de ne pas lui causer du tort à mon insu. Pendant les premiers jours de la mise en quarantaine, j'ai connu des fluctuations «violentes» sur le plan psychologique. La bataille de l'acclimatation n'a pas été aisée et heureusement, elle est maintenant dépassée.

Il parait dérisoire de tirer quelques instructions précoces de la crise sanitaire actuelle avec tous les détails, mais une réorganisation systématique des priorités s'avère indispensable. C'est devenu une chose inévitable, les priorités de l'individu, les réflexions sur le sens de son existence, sa santé physique et psychologique, les erreurs commises, l'accomplissement des desseins prévus s'il y eut intention de les exécuter, les valeurs qui traversent notre esprit de façon quotidienne et qui y sont enracinées, tels que le bonheur, la paix intérieure, la peur, l'altruisme, l'amour, l'ambition, le luxe, etc.

Depuis l'éruption du mal, la crainte d'une disproportion entre la population et les moyens de subsistance ont poussé plusieurs personnes à pourvoir excessivement à leurs besoins et à se procurer une foule de biens de première nécessité. À tout cela s’ajoutent de pénibles querelles et des dissensions familiales et conjugales dont sont victimes surtout les femmes. Elles ont augmenté de façon spectaculaire, car les logements enclavés, censés être des refuges, se sont mus en espaces de violence. D'un autre côté, cette calamité publique a prouvé que la solidarité nationale fonctionne. De généreux secours ont été apportés aux personnes touchées par le fléau afin de surmonter cette épreuve avec un minimum de dommages. Ce fait a confirmé que le concept de la véritable citoyenneté doit être redéfini en adoptant un nouveau contrat social fondé sur l'interaction positive entre les gouvernants et les gouvernés et définir les secteurs sociaux tels que la santé, l'éducation et l'emploi comme des tremplins d'action incontournables pour l'après-Covid-19.

Par ailleurs, la digitalisation est devenue une réalité qui nécessite une vision stratégique, urgente et inclusive, qui concerne les secteurs public et privé. Les modèles de consommation en ligne, les e-services, le télétravail, les études à distance, les applications de communication et le commerce électronique sont et seront tous fortement utilisés.

Une feuille de route clairement définie est nécessaire pour réduire l'écart entre les changements que connaît la société d’une part, et les programmes politiques et les plans gouvernementaux d’autre part. La gestion minutieuse des systèmes de bases de données bien détaillées des institutions est devenue le « pétrole des temps modernes » permettant de prévoir des mesures de protection des données personnelles et de traiter et répondre aux potentielles cyber-attaques.

Les entreprises marocaines sont très soucieuses de changer leurs stratégies au cours de la période à venir, le changement ne sera effectif qu'en évaluant la productivité pendant la période du confinement. De nombreux secteurs n’ont pas trouvé des difficultés pour s’adapter au télétravail. Il est donc nécessaire de poser des questions à l'avenir, telles que : Est-il nécessaire que tous les salariés se présentent quotidiennement à leurs bureaux pour une meilleure rentabilité ? Quelle incidence ce confinement a-t-il eu sur les taux de pollution, la consommation d'énergie et l'environnement ? Quel est l’impact du bien-être au travail sur la rentabilité ? La réponse ne se présentera qu'en tenant compte des variables que la société adopte pour rester opérationnelle et performante. Elle doit s'accommoder à la nouvelle donne, élaborer des plans et changer d’orientation si nécessaire pour suivre le rythme de la consommation digitale, tant pour les projets ayant une relation B to C ou B to B. L’innovation et la créativité sont deux piliers fondamentaux de la singularité et de la concurrence, la crise dans laquelle nous vivons met la responsabilité sociale des entreprises (RSE) sous la loupe. L’humanisation de l’entreprise est la clé de l'excellence et du succès.

Le droit environnemental n'est plus un luxe. Il est devenu urgent d'appliquer des lois rigoureuses dans tous les secteurs. Depuis des décennies, avec la vitesse de la technologie et le changement du cycle de consommation, nous avons relégué la nécessité de prendre en considération la santé environnementale au second plan. Par conséquent, bâtir un front de pression efficace sur les gouvernements pour qu'ils intègrent la dimension environnementale est devenu un levier indispensable du développement.

Vaincre l’épidémie et instaurer un changement sain et rationnel, avec une vision endogène et purement marocaine, l’élaboration d’une stratégie de la période du post-Covid 19 nécessite l’adoption d’une attitude calme et ferme. Ainsi que la bonne compréhension de la spécificité marocaine afin d’ériger notre modèle de gestion de cette crise en bon exemple.

Excessivement optimiste ? Oui, peut-être Il m’appartient de rêver.

Ouidad Melhaf, Directrice générale de OMOCTO