Fantôme de la Francafrique
Vincent HERVOUET

Àune semaine du Sommet sur la sécurité et la Paix en Afrique qui doit réunir à Paris les dirigeants africains, le ministère de la Défense annonce le déploiement de renforts à Bangui. Le feu vert de l’Onu est demandé, un projet de résolution déposé au conseil de sécurité. François Hollande se résigne à faire le gendarme en Centrafrique. Il déteste cela. En campagne, il avait juré qu’il ne le ferait pas sous prétexte qu’on n’est plus au temps de Bokassa. Seulement, il y a urgence. Au train où vont les choses, il n’y aura bientôt plus de Centrafrique. Paris sonne le tocsin depuis des mois dans l’indifférence générale. Le pays glisse dans l’anarchie, la misère et les miliciens venus du Soudan et du Tchad font régner la terreur dans les campagnes. C’est une zone grise qui est en train d’émerger au coeur du continent. Les centaines de parachutistes français déployés à l’aéroport de Bangui sont comme au balcon. Ils regardent le désastre de la terrasse. Avec ordre de ne pas intervenir et d’attendre que les voisins africains envoient des renforts. Des Chasseurs Alpins au pied du volcan, au niveau de la mer, mais au-dessus de tout soupçon. Quand on n’a pas de bras, on n’a pas les mains sales. Après six mois de cette impotence présentée comme une vertu, Paris se décide enfin à bouger. Juste avant d’accueillir en sommet les dirigeants africains. Il a le sens du timing. C’est un peu comme l’accord auquel il a dû se résoudre avec les Iraniens, après y avoir mis un véto provisoire à la veille de son voyage en Israël : quand François Hollande agit, c’est souvent à contrecoeur mais toujours à la bonne heure.