Fournitures scolaires, un marché en chute libre

Panique des parents, pouvoir d’achat en berne, crise sanitaire…. Cette année, la rentrée scolaire n’est pas comme les autres sur tous les plans. Et le marché juteux des fournitures scolaires accuse un coup dur.

Mounia Kabiri Kettani 

La crise sanitaire n’a pas épargné le secteur des fournitures scolaires. Les libraires portaient espoir sur cette période pour renflouer leurs caisses. Finalement, ils sont face à une chute de plus de 85% de leurs chiffres d’affaires. «Cette année est exceptionnelle et nous sommes dans une crise sans précédent. La demande sur les fournitures scolaires est quasi-nulle et les commerçants sont dans l’impasse », nous raconte Mohamed Saber, un libraire à Casablanca. Il ajoute aussi que «les librairies souffrent déjà depuis quelques années vu le manque d’engouement des Marocains pour la lecture. Cette période de rentrée scolaire est donc pour eux une bouffée d’oxygène qui leur permet de payer leurs loyers et autres charges ».

Un pouvoir d’achat en chute

Si les parents n’ont pas encore acheté ou ont acheté moins de fournitures scolaires cet année, c’est parce que selon le sociologue Rachid Madani, qu’ils s’étaient déjà équipés pour le confinement, et qu’ils les réutilisent à la rentrée. D’autre part, étant donné l’incertitude autour de la situation sanitaire, des parents ont préféré reporter leurs achats pour plus tard. Aussi, il y a cette angoisse liée au mode d’enseignement adopté, et au pouvoir d’achat en berne en raison de cette crise du coronavirus. «Pour la classes moyenne et celle des familles aux revenus modestes, cette période est la plus difficile à gérer », souligne le sociologue qui selon lui, la crise du covid-19 a laissé des séquelles chez les Marocains. «Beaucoup ont perdu ou subi une baisse de leurs revenus. S’ajoute a cela les dépenses liées au confinement, à l’aid…difficile d’épargner donc pour assurer la rentrée comme cela se fait généralement », détaille t-il. Une maman dont le mari a été licencié lors de cette crise, nous confie qu’elle a dû emprunter de chez la famille pour pouvoir faire face aux dépenses de la rentrée scolaire de ses trois enfants. Un autre père de famille nous affirme de son côté qu’il a opté pour les fournitures « bonnes occasions » vendues chez certains marchands des quartiers populaires.

Facilités de paiement

Face à la difficulté de la période actuelle, et pour minimiser leurs pertes, des libraires comme Mohamed Saber ont mis en place un système de vente avec facilités de paiement. «On essaie de s’adapter à la situation pour sauver ce qui reste à sauver. La majorité de libraires ont donc misé sur un ensemble de techniques marketing tels que les remises de 10%, la vente avec possibilités de paiement différée ou à crédit (sur deux ou trois fois) », assure le libraire qui relève par ailleurs que même avec ces pratiques, la demande reste faible. Cette semaine reste décisive selon lui, surtout que beaucoup de parents n’ont pas encore reçu la liste scolaire.

Des allocations de rentrée scolaire en France

En France, plus de 3 millions de familles aux revenus modestes bénéficient d’une allocation de rentrée scolaire. Cette année, le gouvernement Français a accordé une majoration exceptionnelle de 100 euros supplémentaires de cette allocation. Cette aide, attribuée sous conditions de ressources, passe cette année à 469,97 euros pour un enfant âgé de 6 à 10 ans (après 368,84 euros en 2019), à 490,39 euros pour un enfant âgé de 11 à 14 ans (389,19 euros l’an dernier) et à 503,91 euros pour un enfant âgé de 15 à 18 ans (402,67 euros en 2019), selon les données du ministère de tutelle. De quoi soutenir les familles modestes face à une crise qui a pesé lourdement sur leurs revenus et leur quotidien.