Vendredi le Premier Ministre qui pleure
Vincent HERVOUET

En plein sommet de l’Elysée, le Premier ministre de Centrafrique déménage. C’est vrai à Paris car le Protocole lui a changé d’hôtel. Il est passé de la rive gauche à la rive droite, d’une suite junior dans un hôtel de voyageurs à une suite sécurisée dans un palace à deux pas de l’Elysée. À ce genre de détails, on croit comprendre que Nicolas Tiangaye prend du galon. La communauté internationale ne veut discuter qu’avec le Premier ministre de transition et refuse de reconnaitre le Président putschiste Michel Djotodia. Elle le refuse encore plus ces dernières heures car elle le soupçonne de mener la politique du pire : depuis ce matin, les miliciens de la Séléka massacrent les habitants de Bangui comme s’il s’agissait de prouver aux forces étrangères qui se préparent à intervenir qu’il faudra compter avec eux. À Paris, Nicolas Tiangaye refait ses bagages mais à Bangui aussi, il va devoir déménager.

Dans le chaos de cette fin de semaine, sa résidence a été pillée. Il explique que tout ce qui lui reste tient dans sa valise. Il contemple la bouteille de champagne et la montagne de friandises dressées pour l’accueillir sans y toucher. Il prend un ami au téléphone et lui parle comme s’il était à l’hôpital. Le reste du temps, il tripote son portable et surfe vaguement sur le net. On le sent seul, au bout du rouleau, dépassé par le chaos. Devant la caméra, il répète des phrases toutes faites. Le Premier ministre de Centrafrique déménage mais cela ne veut pas dire que son dynamisme précipite les évènements. C’est précisément le contraire.