Mardi le héros qu’on pleure
Vincent HERVOUET

Dans le stade de Soweto, la pluie à verse fait l’effet d’une douche froide. Elle réveille l’esprit critique. On s’interroge sur des funérailles officielles organisées en pareil lieu, sans cercueil, sans religion, sans trop d’émotion. Le disparu l’est vraiment. Il manque aussi la ferveur de la foule. Elle danse de temps en temps pendant que les politiques parlent. Trop de discours, tuent le discours. Même BarackObama sculpte la langue de bois. Pour une fois, on s’en aperçoit. Les rangs du public sont clairsemés.

La nation « arc en ciel » a du mal à s’incarner ce matin : ni blancs, ni métisses, ni indiens. La foule est monocolore, noire. À l’inverse dans les tribunes, il n’y a qu’une douzaine de chefs d’Etat africains. Alors que quatre présidents américains ont fait le voyage, quatre premiers ministres britanniques, deux présidents Français, trois Brésiliens, etc. Madiba était un héros sud-africain. Nelson Mandela, icône planétaire est une idole pour Occidentaux. Est-ce que les Blancs vénèrent un homme qui a évité aux Afrikaners le sort réservé au lendemain des indépendances aux Pieds noirs d’Algérie, aux Portugais

présents depuis cinq siècles au Mozambique et contrains de partir en 24 heures, aux Juifs qui ont fui l’Egypte après la création d’Israël, aux Sudètes virés de Tchécoslovaquie, aux Serbes nettoyés du Kosovo, etc.