Libre cours
Naim KAMAL

Quand je vois Barack Obama, je ne sais jamais s’il est noir ou blanc. Non pas que je sois à ma façon daltonien, mais ces Etats-Unis qu’il incarne, je n’arrive à les voir, et certainement je ne suis pas le seul, que blancs. Je croyais qu’en le voyant au milieu de ce stade à forte dominance noire pour rendre un dernier hommage à Nelson Mandela, je finirais par lever ce doute. Mais non, il persistait et persiste encore. Pour dire clairement les choses, à la différence des autres, par exemple James Cameron, premier ministre britannique, je suis convaincu qu’Obama a une véritable vénération pour l’immense homme qui a libéré ses semblables de l’asservissement. La sincérité des autres ne me semble qu’une façade de circonstance, une concession à la bonne tenue. Avec toute la révérence que je lui dois, je n’ai vu dans les condoléances de la reine Elizabeth II que des larmes de cet animal aquatique qu’on ne connait que trop bien depuis l’arrivée de Abdalilah Benkirane à la tête du gouvernement.

Je m’explique par un simple copier-coller :

« Les Blancs d’Afrique du Sud ce sont principalement les descendants d’immigrants européens arrivés dans le pays à partir de 1652 parmi lesquels on distingue, d'une part, les Afrikaners (60 % de ce groupe racial), principalement de souche néerlandaise, mais aussi française, allemande ou scandinave, de locution afrikaans ; et d'autre part, les anglophones (40 %), principalement d'origine britannique. Ils représentaient un peu plus de 21% de la population sud-africaine au moment de la mise en place de l'apartheid. » Les 79% autres souches, essentiellement les noirs, ce n’était que du bétail corvéable, écrasable et droitcuissable à volonté.

Quoi de plus naturel quand on assure que la politique d'apartheid fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants ». Les pauvres, ils avaient peur ! Moi quand j’ai peur dans un endroit je le fuis, eux non, ils restent. Ce qui induit qu’ils avaient le droit de tuer et de soumettre. Pendant longtemps les grands de ce monde, c’est-à-dire leurs prédécesseurs, n’avaient rien à redire devant cette incongruité sinon soutenir l’apartheid politiquement, économiquement, diplomatiquement et militairement. Parce que eux c’était eux et eux c’était eux. Plus correctement, blanc bonnet et bonnet blanc. Jusqu’au jour où ce n’était plus possible, que tout cela allait partir en vrille. Alors on s’est rappelé un homme, noir, devenu une icône, qui était en prison depuis vingt-sept ans, des années d’isolement qui lui ont permis d’évoluer vers la théorie du pardon, alors on a été le sortir de sa geôle, par voie des urnes on lui a cédé le pouvoir, l’Afrique du Sud est resté dans le giron du capitalisme d’autant plus facilement que le socialisme était en phase d’implosion, le grand homme a eu le prix Nobel de la paix, je crois avec Obama le seul noir à l’avoir, 91 chefs d’Etat et de gouvernement en exercice, 10 anciens dirigeants, 86 têtes de délégation et 75 personnalités éminentes à ses obsèques, l’Afrique du Sud est encore prospère, les nantis sont restés nantis, quelques noirs sont devenus riches et les pauvres sont restés pauvres. Fin du premier chapitre d’un conte de fées dont on ne connait pas encore l’issue.