Libre cours
Naim KAMAL

Je l’ai vu dans la ville ocre à l’occasion de la treizième édition du Festival International du Film de Marrakech. Il était en partance pour le Brésil, un voyage inopiné qui est venu perturber son séjour dans la capitale des Almohades où il comptait se détendre un peu et réfléchir beaucoup aux choses de la vie. Les belles et les moins belles. Deux ou trois jours auparavant, il venait de subir une opération du genou, la deuxième en quelques mois. Il était là juste aux abords de la piscine de l’hôtel, à contre jour, debout, droit même s’il devait s’appuyer sur une canne, les cheveux grisonnants, sourire toujours mesuré, rires jamais aux éclats. Je l’ai regardé avant qu’il ne me voie et j’ai pensé Madiba ! On était à deux jours du décès de Nelson Mandela. La canne, les cheveux grisonnants,

l’allure, la trajectoire, le pardon, la justice transitionnelle ou pour les plus sceptiques ma simple affection d’ancien maoïste.

Ahmed Herzenni. Aux auditions des victimes de la répression organisées par l’Instance Equité et Réconciliation, c’est lui qui résuma de la manière la plus proche des faits les années de plomb. En déclarant ne pas se considérer comme victime mais comme acteur du bras de fer entre le pouvoir et son opposition, déplorant tout au plus la disproportion des moyens répressifs par rapport à la réalité de la menace, ainsi que l’extension de la répression à l’entourage innocent des militants, l’ancien chef de fil des maoïstes marocains avait remis ce tragique épisode dans son vrai contexte : la lutte pour le pouvoir entre un régime autocratique et une opposition dont le modèle de société qu’elle prônait, si l’on considère bien son référentiel idéologique, n’avait rien de démocratique. Il a su faire son retour sur soi même dans une introspection probablement sans concession. Mais je peux me tromper.

Qu’on l’ait choisi lui pour aller au sein de la délégation marocaine qui s’est rendue au Brésil pour représenter le Maroc au Forum Mondial des Droits de l’Homme, qu’on lui ait confié de dire les remerciements des Marocains « élus » pour accueillir l’édition 2014 du FMDH en disent assez sur le symbole. Dans un contexte où nombreux sont ceux qui, sans pouvoir offrir le quart de ses réalisations en la matière, tentent encore de vendre du Maroc l’image d’un Etat sanguinaire, le choix du Maroc par le FMDH est une signature au bas d’une page qui s’écrit résolument à l’encre de la liberté. Pour ne pas mélanger les torchons et les serviettes, je passe à un autre paragraphe. Dans cette belle dynamique, il se trouve encore un ou des énergumènes de la mouvance d’Attajdid, présent ou présents au Brésil pour dire et écrire qu’à travers ce genre de forum il y a

« l’homosexualité, ce danger qui arrive ». à l’auteur de cet article, je n’ai qu’une chose à dire :

Pauvre con ! Alors même que le con, du latin cunnus, est dans son premier sens autrement plus agréable et plus utile que toi. En te traitant de con, c’est finalement le con que j’insulte