Libre cours
Naim KAMAL

La nomination de Mohamed Ali Al Admi, alias Omar Hadrami, wali de la région Guelmim-Smara est sans doute aucun une bonne chose. Il était temps que cet historique de Polisario reprenne du service et revienne au commandement. C’est un bon connaisseur du dossier du Sahara, c’est un bon connaisseur du Polisario, c’est un bon connaisseur de l’Algérie et, enfin, un bon connaisseur de la région où il vient d’être nommé et qui devient de plus en plus difficile et compliquée. A charge pour lui de démontrer que l’âge et l’usure ne sont pas passés par-là et que toute sa compétence est intacte. Je l’ai croisé récemment et je ne l’ai pas trouvé particulièrement optimiste sur le devenir de la sous région. De son point de vue, que je partage, l’Algérie ne perd rien à attendre puisqu’elle est appelée dans la stratégie des puissants du moment à la fragmentation. Ce qui ne serait pas sans conséquences sur toute la région. A lui donc maintenant, du front où il est posté, de ne rien épargner pour apporter sa pierre à l’édifice de la préservation du Maroc des turbulences à venir.

Omar Hadrami est l’un des pères fondateurs du Polisario qui, après de profondes divergences avec ses camarades de la direction du front et de la sécurité militaire algérienne, a décidé en août 1989 de réintégrer la patrie clémente et miséricordieuse. C’est à ce moment que je l’ai rencontré pour le connaître et le faire connaître, et surtout puiser auprès de lui les informations sur le Polisario, la nature des relations du mouvement avec l’Algérie et la situation dans les camps de Tindouf. De longues discussions qui ont nourri bien des articles pour le compte du quotidien l’Opinion.

Plus tard, quand il récupérera sa fille et son fils, restés dans les camps, il me donnera l’exclusivité, avec Abdelkhalek Hassan, actuel ambassadeur du Maroc en Jordanie, qui travaillait à l’époque pour le compte d’Al Alam, de raconter la vie des camps à travers le regard de deux enfants. Je lui ai rendu visite quand il était gouverneur à Kalaat Sraghna, puis à Settat mais pas à Sidi Kacem. Il m’a toujours reçu avec la même simplicité et la même hospitalité. Mais il ne faut pas s’y méprendre, c’est un personnage très imbu de sa personne et dans ses pratiques autoritaires un dur. Quand il était encore au Polisario, il semble qu’il était le plus impitoyable avec les prisonniers marocains. Par courtoisie je ne lui ai jamais posé la question.

En revanche, je lui en ai posé une autre : Au lieu de revenir au Maroc en masse comme il se faisait à l’époque dans une ambiance de triomphalisme et de célébration, n’aurait-il pas été plus rentable de garder tout ce monde à l’extérieur, en Europe, aux Etats Unis, au Canada… d’en faire une scission du Polisario qui lui disputerait l’acronyme, continuerait à parler d’autodétermination, mais dénoncerait la soumission et l’allégeance du Polisario de Tindouf à Alger ? Il ne m’a jamais répondu