Adil Bouaouad en quête de « rédemption »

Réputé pour sa voix atypique et aigue, le chanteur et parolier du groupe de Rock « Babel » entame un « voyage » intérieur avec comme première escale « Mankdarch » (Je ne peux pas), extrait du nouvel album « Voyage ».

 

 

A l’entendre chanter, l’on croirait entendre l’incroyable voix d’Axl Rose du célèbre groupe Guns N' Roses, à un détail près, la voix chante en darija. Âgé de 40 ans, le chanteur et parolier ayant rejoint le groupe de rock marocain Babel en 2010 confère à la formation un nouveau souffle Rock avec une touche marocaine.

Après avoir sorti deux versions (Remix et Rock) de sa célèbre chanson « Feels so right » réalisé par le RedOne, Babel qui avait remporté le prix du meilleur groupe "fusion" lors du festival Génération Mawazine 2011, revient avec "Mankdarch", 2e chanson de son album "Voyage".

Chanté en darija, le titre dont les paroles ont été écrites par le chanteur du groupe Adil Bouaouad, a été réalisé au Studio DBF et produit par Maroc Cultures. Disponible depuis le 13 juin 2020 sur YouTube et sur les plateformes de téléchargements légaux, le clip tourné en noir et blanc dépeint la dure réalité des jeunes qui désespèrent à l’idée de trouver un boulot.

 

Parlez-nous un peu de « Makadarch » ?

 

C’est un peu une sorte de dialogue avec soi-même. La chanson parle des gens qui sont désespérés, qui n’ont pas de travail et qui galèrent pour vivre dignement. C’est comme une sorte de voyage qu’on entreprend depuis l’adolescence. Un voyage où on se pose plusieurs questions comme : pourquoi moi ? pourquoi je n’ai pas de chance ? pourquoi je n’arrive pas à réaliser mes rêves ?...

« Manekdarch » est le premier épisode qui dépeint la vie d’un personnage qui va entamer un voyage avec son esprit en quête de rédemption. A la fin, il finit par trouver la solution, reçoit une récompense, se réconcilie avec ses démons et se libère de ses chaines intérieures qui le retiennent comme esclave. C’est un travail sur soi, le personnage est enfin apaisé et peut célébrer cela avec lui-même et c’est ce que résume le dernier épisode en anglais intitulé « Celebration day ».

 

Le morceau a été enregistré en DBF en 2015. Pourquoi l’avoir sorti en clip maintenant ?

 

Vu la crise sanitaire et les problèmes qu’elle a engendré, j’ai trouvé que c’était le moment opportun pour nous de le sortir car plusieurs personnes ont perdu leur boulot pendant cette période critique et traversent des moments très difficiles. Le taux de chômage est grandissant et les jeunes ont du mal à trouver du travail pour vivre dignement. C’est aussi un peu autobiographique, car quand j’étais jeune, j’ai eu du mal à réaliser mes rêves, je voulais poursuivre mes études à l’étranger, mais comme ça coïncidait avec les événements du 11 sept 2011, ça n’était pas évident.

 

Les autres thématiques sont un peu d’ordre existentielles ?

 

Oui, nous utilisons beaucoup de métaphores dans nos chansons. Il y a un morceau en darija qui va être prochainement lancé, et qui parle de la trahison entre amis. Un autre morceau « Corrosion », est un peu philosophique, et qui parle du fait que tout change dans la vie et la nature, c’est une métaphore qui signifie que rien ne reste tel quel, tout s’altère, à l’image des corrosions en mer, causées par l’eau qui creuse les pierres. La nature change et donc, l’esprit des êtres humains aussi, il se forge avec le temps, devient plus fort malgré les corrosions du temps. Je parle des corrosions sentimentales aussi.

Il y a « Look at me now » qui parle de notre expérience musicale. Il y a aussi « The way to heaven » en darija et anglais, qui parle du bon chemin à emprunter pour échapper aux ténèbres de la vie. C’est une sorte de dialogue intérieur d’une personne perdue qui se cherche en quête pour retrouver le salut, dans un monde sans merci.

 

Les groupes qui ont influencé votre parcours ?

 

J’ai toujours aimé et ce, depuis mon plus jeune âge des groupes comme Bon Jovi et Guns N' Roses. A 12 ans, j’étais tombé amoureux des 2 albums de Guns N' Roses, « Use your illusion1 and 2 », j’étais émerveillé par la voix d’Axl Rose, l’une des plus grandes tessitures au monde. C’est pour cette raison que ma voix lui ressemble un peu.

 

Pourquoi le rock ?

 

Le Rock, c’est moi. Avant, j’écoutais Michael Jackson, mais quand j’ai écouté Guns N' Roses, je suis tombé raide amoureux de la voix d’Axl Rose. A l’époque, on convertissait des albums vigniles en K7. J’aime l’esprit du Rock, la liberté d’expression qu’il permet et surtout le fait qu’il il n’y ait pas de limites dans le rythme. Je préfère le Rock Heavy, c’est un style plus mélodique et plus ouvert.

Il y a un public très large du rock au Maroc, et on aimerait bien hisser son drapeau.  A part Hoba Hoba Spirt et Darga, plusieurs groupes n’arrivent pas à percer, même s’ils passent par L’Boulevard. Il faut persévérer pour imposer son style. Un jour, peut-être, quand je serais vieux,  je deviendrais plus sage et je chanterais de la world music mais ce n’est encore à l’ordre du jour !