Africa Band & l’Orchestre Philarmonique du Maroc « Pour un nouveau Moroccan tribute to Pink Floyd ».

Après le succès fulgurant de Moroccan Tribute to Pink Floyd en 2011, le célèbre groupe de reprises Africa Band se lance un nouveau défi, celui de s’allier à l’Orchestre philarmonique du Maroc pour un nouvel hommage au groupe mythique, et promet un show inédit, avec une mise en scène réglée au quart de tour, prévu en octobre 2014. À la fois producteur d’émissions, animateur radio et TV, réalisateur et musicien, Faïçal Tadlaoui, guitariste et chanteur du groupe est un touche-à-tout, un passionné exigeant et talentueux obsédé par l’idée de repousser les limites du réalisable. En plaçant toujours la barre plus haut, il veille au détail près pour garantir un spectacle de qualité. Rencontre avec un caméléon fougueux qui « aime improviser dans un cadre bien régulé ».

L’Observateur du Maroc. Parlez- nous un peu de votre projet avec l’Orchestre philarmonique du Maroc ? 

FAÏÇAL TADLAOUI. Comme notre hommage « orientalisé » à Pink Floyd avait cartonné il y a 2 ans, on voulait renouveler l’expérience avec un orchestre philarmonique derrière. 45 musiciens de l’Orchestre vont nous accompagner pour un show tripant et inédit. On va devoir faire un énorme travail d’adaptation, et de création surtout, parce que même l’orchestre ne va pas se baser sur des partitions.

Comment vous ai venue cette idée?

C’est l’idée de toujours repousser les limites qui nous séduit, et donc, c’est un challenge supplémentaire. Pour l’instant, nous sommes dans un processus de création par rapport à un groupe mythique qui se prête très bien à l’orchestration et « l’orientalisation ».

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          Le Maroc est favorable pour quelqu’un qui a envie de se battre.

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Est-ce que la scène est importante pour vous ?

J’adore le côté artistique où on se laisse aller, mais toujours dans un cadre régulé. Je suis pour l’improvisation dans un cadre régulé puisqu’à l’intérieur de deux limites, on a une sorte d’expression. L’improvisation dans l’improvisation, ça donne du chaos. Pour notre prochain show, que ça soit pour le matériel ou la mise en scène, on va passer à un cran supérieur avec une équipe dédiée et un conducteur détaillé, à la minute près.

Comment est née votre passion pour la musique ?

J’ai découvert la guitare à 15 ans en écoutant The Cure et The Police. Le chant, c’est venu plus tard, je me considère plus guitariste que chanteur. Quand on est musicien, on est chanteur par défaut. Aujourd’hui, tous ces concours pour les voix qui défilent à la télé nous font oublier que des légendes comme Bob Dylan, avaient des voix de casserole. Un artiste n’a pas besoin d’être parfait, il exprime une émotion, et c’est ça qui est transcendant en musique.

Est-ce que vous gagnez de l’argent en faisant de la musique ?

Avant, pour organiser des concerts, c’était le parcours du combattant. À l’époque, j’étais étudiant, et j’avais dû mettre le cachet que je gagnais pour financer un concert. Aujourd’hui, il y a les festivals, qui restent très sélectifs. Il faudrait qu’il y ait des concerts un peu partout, tout le temps. Ce qui manque aussi, c’est une industrie musicale (du spectacle), qui pour l’instant n’a jamais existé ! On n’a pas d’infrastructures à faire tourner les concerts, le métier de tourneur n’existe pas au Maroc, donc on a du mal à gagner de l’argent en faisant ce métier. Ici, on dépend beaucoup des sponsors, ce qui n’est pas le cas à l’étranger.

La musique, c’est plus une passion pour vous ou un investissement ?

Ça fait longtemps que j’ai oublié de faire de l’argent avec ma musique. C’est plus un besoin vital qu’autre chose.

Avez-vous pensé à vous produire à l’étranger ?

Si on réussit le challenge avec l’Orchestre philarmonique, ça serait bien de l’imaginer ailleurs, parce qu’on est parfaitement capable de vendre le Maroc à l’étranger.

Vous êtes un groupe marocain mais qui n’a pas une couleur locale. Vous ne comptez pas un jour chanter en arabe ?

 C’est un point de vue artistique, si un artiste essaie de coller aux attentes, ce n’est plus un artiste. David Gilmour de Pink Floyd avait dit une fois : Si les fans n’aiment pas, tant pis pour eux, et c’est ma conception de l’artiste. Cela dit, la marocanité du groupe, elle est là, à travers la musique, à travers nous. Pour le chant, la langue anglaise est très chantante et en plus, je ne saurais pas chanter en arabe. Au Maroc, nous avons un problème de langue, un problème pour enseigner notre langue et surtout pour la choisir (dialectal, arabe classique, amazigh,… ?).

Vous êtes né en France. Pourquoi avoir choisi de vous installer au Maroc ?

Il y a tellement de chose à faire ici. J’anime une émission à la radio tous les matins en direct, aujourd’hui, avec ce qui se passe à

l’étranger, on a de moins en moins de leçons à recevoir en termes de liberté d’expression, les choses avancent, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, mais tout avance petit à petit. Le Maroc est favorable pour quelqu’un qui a envie de se battre.

Vous animez Les experts sur Atlantic radio depuis 2 ans. Pourquoi avoir choisi d’animer ce genre d’émission ?

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   Au Maroc, nous avons un problème pour enseigner et choisir notre langue.

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Le challenge est de répondre à des problèmes concrets des gens avec des experts professionnels et pédagogues, qui ont l’art 

de la transmission. Mon objectif, est de vulgariser les choses, tout en mettant un peu de divertissement. On parle de sujets

sérieux (licenciements, impôts, assurances,…), mais si on ne met pas un peu de piment et beaucoup d’humour, ça devient lassant et les auditeurs vont décrocher. On informe les gens, on essaie de régler leurs problèmes mais on dénonce aussi les abus.

Que pensez-vous du gouvernement actuel ?

Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, on assiste à une sorte d’inflation législative. Tant qu’on n’a pas réglé les problèmes fondamentaux (l’éducation, la santé, la justice,…), ça ne sert à rien de rajouter des lois qu’on a du mal à faire appliquer. Tant qu’on n’aura pas de justice (ordinaire) qui fonctionne, on ne pourra pas aller de l’avant. On est dans un Etat de droit, on a une constitution formidable et un arsenal juridique parfait sur le papier mais on n’a personne pour faire appliquer les lois. Cela dit, le gouvernement actuel a le mérite d’avoir libérer la parole au niveau de la critique du gouvernement.

Depuis 2008, vous êtes l’expert du tapis rouge au festival de Marrakech, ça représente quoi pour vous ?

C’est une chance pour moi et c’est extrêmement enrichissant. Pendant 5 ans, j’ai interviewé près de 50 têtes d’affiches, (Martin Scorsese, Sharon Stone, Cristopher Walken, Sigourney Weaver, Keanu Reeves,…). Ce sont des moments mémorables avec des gens mythiques mais en même temps très simples.

Animateur, musicien, producteur, où est ce que vous vous retrouvez ?

Dans ce métier là, on ne peut pas mettre la tête sous l’oreiller. C’est impossible, tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Donc, il faut jeter plusieurs graines et attendre celles qui vont germer. C’est mon charbon, mon énergie.

Ce qui vous révolte ?

L’inaction, la mauvaise foi et l’injustice.

Ce qui vous réjouit ?

S’accomplir dans quelque chose. Je préfère être du côté de ceux qui font que des gens qui commentent.

D’autres passions à part la musique ?

La cuisine. J’aime bien faire le tajine aux pruneaux et aux oignons caramélisés, à ma manière. C’est un moment de concentration et de bonheur. J’aime aussi la chasse sans fusil, j’adore voir les chiens chasser la caille et le gibier. J’adore me balader et rencontrer des gens. J’aimerais également écrire des romans mais c’est un exercice qui me paraît assez difficile pour le moment .