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Naim KAMAL

L’ENTRÉE EN MATIÈRE DE ABDELILAH BENKIRANE pour son premier grand oral devant la chambre des représentants est hésitante, monotone. Le trac peut-être, la crainte d’en commettre encore une sans doute. Ce n’était que partie remise. Il fallait juste patienter un peu pour retrouver Abdelilah Benkirane dans ce qu’il sait faire de mieux, le stand up. La galerie est pour lui.

Ses cent sept députés PJD, parfois soutenus par leurs confrères de la majorité, ne se feront pas prier pour rire à ses bons mots. Dans son show, il n’est pas loin de rappeler un certain Driss Basri des grands moments.A cette différence que Benkirane a pour lui l’avantage d’une meilleure maîtrise de la langue arabe. Le chef du gouvernement parle de lui-même à la troisième personne, se cite par son prénom et son patronyme.

Péché d’orgueil ou est-il déjà dans la transcendance de son propre corps ? Il est là et ailleurs, encore lui et pas tout-à-fait le même. Sa posture est clivante et ferraille contre des adversaires invisibles ou imaginaires. Il se calme parfois, fronce les sourcils souvent. Comme pour extérioriser l’exacerbation qu’il ne réussit pas à contenir devant les impatiences auxquelles il fait face. Il a un mandat de cinq ans, hurle-t-il ! Seulement alors on pourra le juger. Il faut juste espérer que ce ne sera pas trop tard.

L’opposition s’oppose, la majorité soutient. Un dialogue de sourds qui n’augure rien de bon pour la démocratie participative qu’il veut mettre en place pour associer l’opposition à son combat. Une incohérence à mettre sur le dos du jeu normal de la vie parlementaire. Déjà Benkirane a compris deux ou trois petites choses capitales. D’abord les diplômés chômeurs. Il est grand temps pour eux d’assimiler que l’État ne peut pas tout pour eux et doivent chercher des voies de recyclage. Le gouvernement se fera le devoir de les y aider. Mais eux, l’entendront-ils de cette oreille ? Vient ensuite l’économie de rente qu’il faut déraciner.

Elle est consubstantielle à l’économie marocaine. Il cite Feu Hassan II au début des années soixante recevant des étudiants à Ifrane. Il aurait pu aussi le citer dans Mémoire d’un Roi où le défunt souverain explique qu’à son accession au trône il n’y avait pas de capitalisme marocain impératif à la construction de l’État moderne. Il fallait le créer de toutes pièces. D’où les agréments, les concessions, la « marocanisation » de l’économie en 1973… Le sujet d’actualité n’est donc plus là mais dans comment mettre de l’ordre, de la rationalité et de l’équité dans cet imbroglio. Petite question mais grand problème. Avec un peu de chance le chef du gouvernement y arrivera, il faut la lui souhaiter. дайвинг на пхукете патонг