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Naim KAMAL

CINQUANTE MILLE MANIFESTANTS dimanche dernier à Casablanca selon les organisateurs, vingt-cinq mille selon la police. Peu importe, c’est un succès, fut-il relatif, qu’a réalisé la gauche autour de deux syndicats de la même souche génétique, la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT). Le gouvernement Benkirane a réussi là où tous les bons offices ont fait chou blanc, réunir dans une même action les frères ennemis des deux syndicats la main dans la main, loyaux et dissidents de la maison mère, l’USFP.

Avec en prime l’appui pratiquement de toutes les petites formations de gauche ou gauchisantes. Cela fait une éternité que l’on parle en vain de fédérer dans un seul mouvement l’ensemble de ces forces et il était donc temps enfin de voir de ce coté-ci quelque chose de concret. Il n’est pas par ailleurs indifférent que le PAM ait soutenu la manifestation de Casablanca, tout comme il n’est pas insignifiant que les organisateurs de la marche aient bien accueilli ce soutien. Il est sans doute prématuré de conclure au prélude à des actions communes semblables à celles qu’on a vécues à une certaine époque entre l’Istiqlal et l’USFP.

Mais à terme, cette perspective semble inévitable si l’opposition parlementaire veut donner plus d’ampleur et une meilleure efficacité à son travail. Car, à ce jour, comme on l’a vu lors du grand oral du chef du gouvernement devant la chambre des représentants, elle peine à donner le change. L’ENJEU N’EST PAS MINCE. Il s’agit ni plus ni moins que d’offrir une alternative autre qu’islamiste au gouvernement conduit par le PJD. Les dernières élections législatives ont montré que le PAM, quoi qu’en disent ses adversaires, dispose de sa propre base électorale dont on ne peut mépriser l’importance. En reconstruction depuis son dernier congrès qui a vu l’arrivée à sa tête d’un technocrate en la personne de Mustapha Bakkouri, le PAM travaille à se défaire de l’image «makhzanienne» que le PJD, largement aidé par le mouvement du 20 févier, a réussi à lui coller à la peau.

L’USFP, de son côté, cherche à puiser en elle-même l’énergie nécessaire pour retrouver son dynamisme et sa virilité d’antan. La marche de Casablanca a été plutôt un test réussi. Mais sa véritable épreuve reste son prochain congrès, le neuvième de son histoire. Fathallah Oualalou, premier secrétaire adjoint des socialistes, a défini, lors d’une rencontre avec la jeunesse de son parti à Tétouan, les cinq questions auxquelles l’USFP doit répondre avant d’entamer sa mue et sa rénovation. La plus importante est précisément celle qui se rapporte à ce dernier point : quel outil partisan faudrait-il rénover pour répondre aux exigences de l’étape actuelle ? Simple à poser, difficile à résoudre tant elle induit une autre question autrement plus complexe. L’USFP pourrait-elle régénérer ses forces en s’appuyant sur les figures qui incarnent la dilapidation des valeurs qui ont longtemps fait ce parti avant sa participation au gouvernement pendant dix ans ? раскрутка сайтов