Libre cours
Naim KAMAL

TOUT OU PRESQUE A ETE DIT sur la prestation du chef du gouvernement à la télévision pour justifier, ou expliquer, l’augmentation des prix de l’essence et du gasoil. Le fond, la forme, le style… Donc, je n’en rajouterai pas une couche. Mais il y a ce taux d’audience qui a crevé le plafond.

Sept millions de téléspectateurs selon Maroc-métrie. Comment expliquer ce succès alors que les Marocains s’attendaient à ce qu’il allait dire : en gros renflouer les caisses de l’Etat en difficulté et annoncer la réforme de la caisse de compensation d’ici… la fin de son mandat.

Des décisions impopulaires et inévitables qui lui vaudraient en principe la bouderie des citoyens. J’ai beau creusé je n’ai trouvé qu’une explication. Abdelilah Benkirane est devenu une attraction. Sa manière, ses mots, ses lapsus, ses bourdes, ses métaphores pour désigner ses adversaires, ses colères vraies ou feintes, tout en lui captive l’intérêt. Il faut lui rendre cette justice, il a réussi à dépoussiérer le débat politique et à vendre une autre image du responsable gouvernemental. Jusqu’à quand tiendra la magie, c’est une autre histoire.

Mais dans le succès oratoire du chef du gouvernement, il faut retenir son recours au langage de tous les jours. Il parle dialectale, n’hésite pas ici et là à l’emploi de phrases en français et par moment de l’arabe classique. En un mot tout ce que ses amis au MUR et au PJD ainsi que les arabophones puristes détestent à la télévision. Au point de traiter de cinquième colonne de la francophonie les adeptes de l’utilisation du « marocain » en lieu et place de l’arabe des écoles. Abdalilah Benkirane vient de démontrer avec la spontanéité qu’on lui connait et l’hardiesse qu’on lui sait que cette thèse n’est que balivernes et fariboles.

A contre courant de ses amis, à moins que ce ne soit une répartition des tâches, le chef du gouvernement vient également d’annoncer avoir compris les raisons des gros salaires pour les hauts responsables des établissements publics. Protéger ces compétences de la tentation d’aller voir ailleurs. Après le froid, l’un de ses députés souffle le chaud en balançant la bombe des fortes primes des cadres, ministre compris, du département des finances.

Ce n’est pas la première fois que cette affaire vient sur la place publique défrayer la chronique. Si bien que l’on est en droit de se demander si par ce type d’annonces on n’est pas en présence d’une politique de contre-feux pour camoufler les difficultés des islamistes dans la gestion des affaires publiques ? Probablement que ces primes sont excessives et qu’il y a de l’ordre à remettre dans ces choses. Mais ce n’est certainement pas en exposant les élites de l’administration publique à la haine sociale que l’on risque de réformer quoi que ce soit. A moins que le PJD ne dispose d’une élite opérationnelle de remplacement ici et maintenant. sex shop en ligne commander les parfums sexy