GAZA
Mireille DUTEIL

Par : Mireille Duteil

Voilà quatre ans que je n’étais pas retournée à Gaza. La situation ne s’est pas améliorée depuis lors dans cette grande prison à ciel ouvert. Certes l’opération israélienne de novembre dernier n’a pas fait les énormes dégâts de la guerre de 2008-2009. Les frappes ont été ciblées. Ainsi, l’immeuble abritant les bureaux du Premier ministre du Hamas, Ismaël Hannyieh, et plusieurs ministères, ont été réduits en miettes par des frappes aériennes. Le lieu est aujourd’hui un lieu de visite pour les rares visiteurs étrangers. Des drapeaux des pays amis du Hamas qui s’est installé par la force au pouvoir en juin 2007, sont plantés sur les plaques de béton démantibulées. Une rangée de plantes vertes ceinture le lieu gardé par de débonnaires membres de la sécurité du parti islamique.

Après l’attaque israélienne, le Hamas avait connu un moment de grâce. Les Gazaouis étaient satisfaits que le parti islamique ait rapidement accepté le cessez-le-feu proposé par le président égyptien, Mohammed Morsi. Israël semblait le grand perdant pour ne pas avoir lancer une offensive terrestre.

La popularité du Hamas n’est plus de saison en ce mois de janvier. Au début du mois, pour la première fois depuis 2007, il était obligé d’accepter l’organisation d’une manifestation populaire par le Fatah, son ennemi numéro un. Tous sont encore stupéfaits dans Gaza. Sur ce petit territoire d’1,6 million d’habitants, quelque 500.000 personnes, dont beaucoup de jeunes et de femmes, ont envahi l’immense place du Sérail et ses environs. Une immense marée humaine. Pas le million de personnes revendiqué par l’Autorité palestinienne à Ramallah, mais énormément plus que les sympathisants du Hamas, en décembre, venus applaudir le retour de leur leader Khaled Mechaal.

Les Gazaouis ne jureraient-ils plus que par le Fatah ? Ce serait allé trop vite en besogne. Ils ont voulu lancer plusieurs messages. Le premier au Hamas. Le parti islamiste s’est enrichi à son tour, le développement économique ne semble pas son souci et le niveau de vie s’est effondré. Des enfants ont faim dans certains quartiers de Gaza, et près de 70% de la population sont sous perfusion de l’aide internationale. Or, le Hamas, rejeté par l’extérieur, freine une éventuelle amélioration de la situation. Enfin, si les Gazaouis sont conservateurs, ils refusent majoritairement un parti qui veut les islamiser à marche forcée. Une société civile dynamique se regimbe. Pour les manifestants, le Hamas doit prendre en compte leur existence et leurs aspirations.

Le second message visait l’Autorité palestinienne. Une façon de lui dire que les Palestiniens souhaitent qu’elle se renouvelle, oublie son embourgeoisement au pouvoir et se soucie de leur défense pour trouver une issue au blocage politique.

A Gaza, aujourd’hui, tous, riches (des fortunes se bâtissent grâce aux tunnels) et pauvres, ont un seul rêve : que le Fatah et le Hamas se réconcilient enfin. Ils espèrent alors que la Palestine occupée sera plus forte face à Israël.

Les dirigeants des deux partis ont reçu le message 5 sur 5. Ils comprennent que leur popularité est en berne. Les rencontres visant à la réconciliation se multiplient. L’une avait lieu à Rabat le 12 janvier, l’autre au Caire, le 16. Mais la réconciliation – et un gouvernement d’union - lèsera des intérêts de part et d’autre. Des deux côtés, les réticences ne sont pas toutes vaincues. деревянный дом куплю