Libre cours
Naim KAMAL

Abdelilah Benkirane a récemment déclaré devant des militants de son parti qu’il est là où il est par « la volonté d’Allah, le vote du peuple et la nomination du Roi. » En une phrase le voilà triplement adoubé chef du gouvernement de droit divin, de droit populaire et de droit royal.

Dans un entretien avec le quotidien Alqods, le ministre des Affaires étrangères, Saad Eddine Elothmani, a reconnu candidement qu’en devenant diplomate, il a beaucoup appris et que son approche des questions diplomatiques a évolué. En d’autres termes, il vient de comprendre ce que sont la géopolitique, les relations internationales, le rapport des forces et les intérêts qui définissent le positionnement des Etats sur l’échiquier mondial. Ce qui lui faudrait maintenant c’est d’en faire profiter ses amis du MUR – PJD et les éditorialistes de leur journal Attajdid.

Un stage au département des Affaires étrangères leur aurait été d’une grande utilité et leur aurait évité un positionnement vigoureusement hostile à l’intervention militaire de la France au Mali. Sans toutefois aller aussi loin que les salafistes qui, renouant avec leurs bonnes vieilles habitudes, ont pratiquement excommunié tout ceux qui soutiendraient Paris dans son expédition malienne. Pour faire bonne figure, le MUR a tenu à marquer sa différence en précisant qu’il n’a jamais été d’accord avec les moyens et méthodes des groupes armés qui infestent les pays du Sahel. Probablement. Mais je n’ai pas souvenir de les avoir entendus sur ce sujet auparavant, de la même manière qu’il ne me semble pas les avoir vus se démarquer des groupes armés qui ont marché sur le sud du Mali ou lorsqu’ils s’en sont pris à son patrimoine culturel, particulièrement celui ancestral de Tombouctou.

Personne ne croit que la France est au Mali pour l’amour des pauvres maliens. Paris est là-bas pour défendre des intérêts stratégiques bien précis et bien connus. Les pays qui l’aident dans sa guerre sont, peut-être pas pour les mêmes raisons, dans la même configuration. Mais l’argument qui sert d’alibi aux islamistes pour dénoncer l’intervention française, est d’une faible consistance. D’abord parce que s’élever contre « le soutien français à l’Etat malien » revient à s’aligner sur les islamistes du Sahel et le séparatisme au Mali.

Dans ce soutien il y a incontestablement une relation de dominant à dominé. Il est en conséquence aisé de qualifier la décision de l’Elysée d’entreprise coloniale ou néocoloniale. Mais la même qualification aurait pu être utilisée au moment où les forces françaises sont intervenues en Cote d’Ivoire pour Ouattara contre Gbagbo, voire ailleurs, au Tchad, au Niger, au Congo ou encore au Rwanda. Mais les islamistes étaient occupés ailleurs. En réalité et quelle que soit leur tendance - salafistes, adlistes, modérés participationnistes – ils viennent de commettre un énorme lapsus. L’Afrique subsaharienne n’est devenue visible et défendable pour eux que depuis qu’elle a été investie par leurs semblables. car cover volkswagen jetta