BOUTEILLE DE GAZ : Risque d’explosion

La tension est à son comble entre les autorités de tutelle et les distributeurs de bonbonnes de gaz. Ces derniers viennent d’ailleurs de trancher, le 26 avril 2014, en décidant de recourir à l'arrêt de l'approvisionnement du marché en bonbonnes de gaz si le silence radio du gouvernement persiste. Les distributeurs exigent une révision à la hausse de leurs marges de + 0,5 DH pour les bonbonnes de 3kg et + 1,5 DH pour celles de 12kg. Yahya Madani, Secrétaire général de l’association des distributeurs des bonbonnes de gaz, explique que les marges des distributeurs n'ont pas évolué depuis plus de dix ans, malgré la forte augmentation du coût de la vie sur cette période. « Nos marges n'ont pas évolué depuis 1998. C'est insensé ! », martèle-t-il. Rappelons que l'année dernière, les autorités de tutelle (Energie et Affaires générales), qui fixent la structure des prix du gaz, avaient évité une rupture de l'approvisionnement des épiciers pendant le mois de Ramadan en promettant d'étudier avec les distributeurs des scénarios de révision qui permettraient d'améliorer leurs marges, sans toutefois augmenter le prix de vente final aux ménages marocains. « Les professionnels ne sont pas à leur première contestation. Ils avaient exigé l'année dernière une augmentation de leurs marges bénéficiaires et ont même brandi la menace d'arrêt de leurs activités. La tutelle leur avait promis d'étudier le dossier et de revenir avec des propositions concrètes », explique Madani. Cependant, les négociations avec les responsables concernés n'ont pas abouti. Les professionnels reviennent cette année à la charge pour faire valoir leurs « droits ». D’après Yahya Madani, la situation actuelle profite davantage aux sociétés de mise en bouteille. « Nous menons des négociations avec les autorités de tutelle pour dénouer la crise. Si les concertations n’aboutissent à rien dans un mois, nous cesserons l’approvisionnement du marché ». Et le Secrétaire général d’ajouter : « Nous leur avons envoyé toutes les études de marché. En vain ! Pourtant, nous leur avons bien expliqué que nos charges ont augmenté alors que notre marge est restée inchangée. La situation devient aujourd’hui intenable ». Les professionnels concernés et même certains membres du PJD estiment que si l’Exécutif avait l’intention d’augmenter réellement les prix, il aurait déjà diminué les subventions accordées à ces produits dans le cadre de la Caisse de compensation et qui coûtent à l’Etat près de 11 milliards de DH par an. On le sait, le gouvernement débourse 60 DH pour chaque bombonne de 12 kg et 15 DH pour la bonbonne de 3 kg, soit 70% du prix réel d’une bouteille de gaz. De tous les points de vue, ce dossier est explosif ❚