Libre cours
Naim KAMAL

Rabat ne va pas bouder son plaisir. Le quotidien espagnol El Pais parle d’un « nouveau triomphe » pour le Maroc, là où la presse algérienne évoque un « camouflet pour Alger ». Pour Alger pas pour le Polisario, celui-ci n’étant que le factotum et l’ectoplasme d’une ambition géopolitique d’un pouvoir prétentieux qui suinte dans les interstices du régime algérien. Le rapport du secrétaire général des Nations Unies sur le Sahara a bien donné quelques « frayeurs » sur le devenir d’une résolution du Conseil de sécurité sur la question qui était donnée pour acquise. La montée au créneau du roi Mohammed VI, son coup de téléphone à Ban Ki Moon, ont vite fait de calmer les ardeurs des uns et les appréhensions des autres. La résolution 2152 adoptée à l’unanimité par les quinze membres du Conseil de sécurité, en dépit de nombreuses pressions orchestrées par Alger n’ont d’aucune façon réussi à altérer la mission de la Minurso. Le conseil de sécurité reconduit, c’est la deuxième fois qu’il le fait, un constat de bon sens. « La réalisation d'une solution politique mutuellement acceptable de ce conflit de longue date et le renforcement de la coopération entre les Etats membres de l'Union du Maghreb Arabe est à même de contribuer à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel ». Plus clairement, le stationnement de forces armées désormais de nature mafieuse dans les camps de Tindouf en territoire algérien constitue un facteur d’instabilité et d’insécurité non seulement pour la zone que conteste l’Algérie au Maroc afin d’y installer un Etat à sa mesure, mais pour l’ensemble de la région du Sahel. De telle manière que le Polisario n’est plus vu comme un « mouvement de libération », mais de plus en plus perçu comme foyer d’infection susceptible d’infester une grande partie de l’Afrique subsaharienne. La résolution du Conseil de sécurité comporte d’autres motifs de satisfaction pour la Maroc dont le projet d’autonomie est toujours jugé sérieux et crédible. Ses efforts pour la garantie des droits de l’homme sont également reconnus et soulignés. Mais il y a ce rapport du secrétaire général de l’ONU - il est vrai, recadré en son temps par le souverain marocain - qui continue de faire tache. Est-il la simple production d’une bureaucratie onusienne plus apte à compliquer les conflits qu’à les résoudre, ou l’avant-première d’une nouvelle manoeuvre qui vise à détourner le processus de négociation d’une solution mutuellement acceptable en vue de le soumettre à de nouveaux paramètres ? Sur ce point, le roi Mohammed VI a été sans ambiguïté dans son contact avec le secrétaire général de l’ONU : Tout écart à ce niveau libérerait le Maroc de tous ses engagements. Comme deux avertissements valent mieux qu’un, Rabat, tout en se félicitant de la résolution du Conseil de sécurité, a appelé par la voix de son représentant permanent à l’ONU, Omar Hilale, le secrétariat général des Nations Unies à faire preuve à l’avenir de « neutralité » et de « professionnalisme ».