HAMAS ET FATAH : Une réconciliation sans enthousiasme
Mireille DUTEIL

Le 22 avril dernier, les frères ennemis palestiniens, le Hamas et le Fatah, annonçaient qu’ils venaient, une fois encore, de se réconcilier. Un nouveau coup d’épée dans l’eau ? Les antagonismes et les différents idéologiques sont profonds entre les deux camps. Chaque camp à son agenda et ses soutiens extérieurs. Depuis 2006 et la guerre civile qui les a opposé à Gaza, chaque tentative de réconciliation a débouché sur un nouvel échec. Ainsi de l’accord signé à La Mecque, en 2007, puis au Caire, en mai 2011, et à Doha, la capitale du Qatar, en février 2012. En 2011, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne avait annoncé la formation d’un gouvernement de « technocrates » et déclaré que les Palestiniens avaient décidé de « tourner pour l’éternité la page noire de la division ». En vain. L’Histoire semble repasser les mêmes plats. La semaine passée, Abbas a annoncé la formation d’un gouvernement de technocrates sous sa responsabilité dans les cinq semaines, puis l’organisation d’élections législatives et présidentielles dans les six mois. Le dernier accord du Caire a pourtant plus de chance de succès que ses prédécesseurs. La raison ? La profonde évolution de la situation en Palestine et dans la région. Les négociations avec Israël ayant une nouvelle fois échoué, Mahmoud Abbas tente d’agir sur la situation intérieure. Mais c’est surtout la région qui a changé depuis les « printemps arabes ». Avec l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir en Egypte, le parti islamiste palestinien a pensé qu’il avait le vent en poupe. Issu de la confrérie des Frères Musulmans, le Hamas se tourne vers le président Mohamed Morsi et s’éloigne de ses financiers et fournisseurs d’armes, l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Avec la destitution de Mohamed Morsi par l’armée égyptienne le 3 juillet 2013, la terre se dérobe sous les pieds du Premier ministre Ismaël Hanyé. Il ne lui reste plus qu’un seul véritable allié, le Qatar. L’Arabie Saoudite qui soutient les militaires égyptiens contre les Frères musulmans, se détourne du Hamas. Le dernier coup dur a eu lieu début avril lors d’une réunion du Conseil de coopération du Golfe, ce club des riches pétroliers de la région sous l’égide des Saoudiens. Ils ont vivement reproché à Doha sa politique vis-à-vis des pays arabes. Ils ont exigé que le petit mais richissime Qatar mette un frein aux critiques de la chaîne Al Jazeera à leurs égards, qu’il cesse de financer leurs opposants, dont les Frères musulmans dans lesquels ils voient des adversaires dangereux pour leur stabilité. Un discours apprécié à Ramallah. Pour le Hamas, c’est le coup de l’âne. Le parti islamiste devrait perdre, avec le Qatar, son dernier allié. L’aile politique du mouvement s’est soudain sentie en position de force face aux milices et aux « radicaux » pour signer un accord de réconciliation avec l’OLP. Sans pour autant perdre son âme. En clair, sans accepter de reconnaître Israël comme l’exigerait son entrée au sein de l’OLP. L’avenir de l’accord de réconciliation dépendra des résultats des futures élections. Si elles ont lieu ❚