L’automobile, un accélérateur de croissance

Les plus suspicieux disaient, il y a quelque temps, qu’un projet de l’envergure de celui de l’usine de Tanger était irréalisable au Maroc. Et pourtant, rien qu’en 2013, pas moins de 100.940 véhicules sont sortis de cette usine qui est parvenue à doubler sa production l’année dernière. Et cerise sur le gâteau : 90% des 100.940 véhicules fabriqués dans la ville du détroit étaient destinés à l’export. Quand on fait bien le calcul, en 2013, pas moins de 435 véhicules sortaient donc chaque jour des chaînes de Renault- Nissan Tanger. Ce chiffre a vite augmenté et augmentera encore et encore. On parle aujourd’hui de 600 véhicules par jour (résultats du mois d’avril 2014) dont en moyenne 213 Dokker. L’usine vient d’ailleurs de dépasser la barre de 200.000 véhicules produits. Une marque comme Dacia Dokker, qui sort uniquement de la chaîne de montage de l’usine Renault-Nissan de Tanger, totalise, à elle seule, 70.000 unités depuis le lancement de sa production au Maroc. 15.500 sont restées sur le marché national tandis que 12.977 véhicules ont été exportés en Espagne, 12.727 en France et 11.663 véhicules en Turquie. Lodgy et Sandero connaissent aussi un grand succès et roulent déjà en grand nombre sur les routes françaises (20.000 unités exportées en France en 2013), mais aussi en Turquie et même dans le pays de Volkswagen. On parle aussi du lointain marché panaméen. Les performances de Renault-Nissan de Tanger ont boosté les chiffres des exportations automobiles dans le pays. Ainsi, 31 milliards de dirhams ont été totalisés en 2013, alors qu’elles n’étaient que de 25 milliards en 2012, soit une hausse de près de 25%. Plus globalement, le secteur automobile a généré quelque 140 millions d'euros à l'export en 2013 et emploie 30.000 personnes, selon des chiffres officiels. En plus du coup de force donné à l’export, l’usine tangéroise de Renault-Nissan a permis la genèse d’un véritable écosystème qui est appelé à se développer davantage. Si près de 80 entreprises, des équipementiers automobiles pour la plupart, ont déjà pris place à Tanger Automotive City, d’autres attendent le bon moment pour leur emboîter le pas. D’où la nécessité pour les responsables marocains de bien mettre en exergue cet exemple réussi en vue d’attirer d’autres constructeurs, sans toutefois cannibaliser le précurseur. Tout récemment, beaucoup de bruits ont couru sur la probable implantation dans le Royaume d’une usine de l’allemand Volkswagen et d’une autre du coréen Hyundai. Si ces constructeurs mettaient le cap sur le Maroc, ils créeraient à leur tour un nouvel écosystème fortement pourvoyeur de croissance et d’emploi. Serait-ce alors pour anticiper qu’un géant comme le groupe international Saint-Gobain vient d’inaugurer à Kénitra, sa première usine de vitrage automobile au Maroc ? Spécialisée dans la fabrication de pare-brises, cette unité a quand même nécessité pas moins de 14 millions d’euros. Cette phrase de Gilles Abensour, DG de S a i n t - G o b a i n Maroc ne trompe pas : « Les perspectives que présente le Maroc à moyen terme font que Saint-Gobain continuera à renforcer ses positions au Maroc, avec une nouvelle implantation prévue pour 2014. » A qui donc le tour ? ❚