Feu Abdelaziz Alami est connu pour avoir fait de la Banque Commerciale du Maroc (BCM), au cours d’une carrière longue d’une trentaine d’années, un fleuron du secteur bancaire marocain. Natif de Fès en 1938, il est issu d’une famille des quartiers profonds de la ville spirituelle, comme il se plaisait à le rappeler à ses interlocuteurs. Il a donc réussi son ascension au prix d’un travail où se mêlent passion, persévérance et efficacité. Ses premières armes, il les a faites à la Banque du Maroc dont il a été le plus jeune président, avant de travailler à la CNCA et au Crédit Agricole du Maroc. Et c’était tout droit de l’Office des Changes dont il était directeur qu’il est arrivé à la BCM. Banque qu’il a rebaptisé Attijari et dirigé, avec un retentissant succès, jusqu’à l’âge de 65 ans. Reconnaissant, le Groupe Attijariwafa bank, qui est né de la fusion-acquisition BCM et de Wafabank en 2004, reconnaît aujourd’hui encore le mérite du défunt. De leur côté, les milieux politiques lui reconnaissent le mérite d’avoir été parmi les rares ayant décliné deux offres ministérielles à la tête du département des Finances. Sur un autre registre, Abdelaziz Alami a été à la base de la création du journal L’Economiste. Grand mécène et amateur de Gharbaoui, il a joué un rôle de précurseur dans l'introduction, dès les années 1970-1980, de la peinture sur les lieux de travail. Feu Alami est également connu pour être un grand poète et un humaniste hors pair qui rejette l’obscurantisme et le nihilisme à la faveur de l’amour de l’autre. Que l’on en juge par ses propres mots publiés par revues-plurielles.org en 1993, suite à un colloque organisé à Marrakech, du 29 au 31 octobre 1992, à l’initiative du défunt. « Etant de passage, il y a 34 ans, à Amsterdam, je visitais un musée. Je traversais une salle après l'autre lorsque je suis tombé en arrêt devant un tableau. C'était le Christ jaune de Van Gogh. Il émanait, non seulement du regard mais de tout le corps du prophète Jésus une telle tristesse, une telle solitude, une telle misère que, je vous le dis en vérité, j'ai éclaté en sanglots. Je suis revenu voir ce tableau pendant le reste de mon séjour pour éclater encore une fois en sanglots. Ce partage des souffrances de l'autre, cette identification de chacun au sort de l'autre que sont les valeurs chrétiennes et qui sont aussi les nôtres pourrait féconder nos travaux. Et si, de nos travaux, il sortait quelques réflexions, quelques conclusions qui font que l'homme des années à venir soit moins pauvre, moins malade, moins seul, peut-être que nous aurions réussi ». En parlant de l’islam il criera : « L'appel à l'exercice de la raison est un parti-pris contre le nihilisme, le fatalisme, l'obscurantisme. Quoi de mieux pour asseoir le développement sur un véritable humanisme ?». Ce cri du coeur reste d’actualité ❚