Libre cours
Naim KAMAL

NOTRE ESPACE RELIGIEUX INFORMEL est peuplé par deux spécimens de « fataouistes » : Abdelbari Zemzami, l’imam de la carotte plutôt qu’un rapport avec un homme pour satisfaire dans la légalité religieuse une femme en manque, et Ahmed Rissouni, ex-président du Mouvement Unicité et Réforme (MUR) pygmalion du PJD de Abdalilah Benkirane, que le regretté Abdelkrim El Khatib avait qualifié de quelque chose comme « idiot ». Le premier a l’avantage sur le second d’être au moins drôle et d’amuser la galerie en contribuant à l’alimentation de la fantasmagorie des amoureux dans les alcôves. Tandis que Rissouni renvoie l’image austère d’un perclus intellectuellement et physiquement. L’évocation des deux hommes ici se justifie par leur propension commune à s’occuper de notre sexualité, alors que nous ne leur avons rien demandé, et de dire aux pauvres humains que nous sommes ce qu’il est permis de faire avec nos épouses ou, pour Ahmed Rissouni, de nos femelles.

IL S’EN DOUTE UN PEU CERTAINEMENT, car au moment où commence à arriver au Maroc le débat sur la notion de viol conjugal, inconcevable dans sa pensée puisque l’homosapien dispose de l’homosapienne comme il l’entend, le cheik du MUR tente de devancer le mouvement et convoque à la table des ébats pour nous expliquer la sourate Annissa’e (les femmes), signe 34 qui dit : « Les hommes ont autorité sur la femme, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celle-ci, et aussi à cause des dépenses qu’elles font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leur époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez- vous d’elles dans leurs lits [sinon] frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voies contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand. »

JE RENVOIE À SON BLOG CELLES et ceux qui veulent connaître le détail de la lecture que fait Rissouni de ce verset, l’essentiel étant que le cheikh du MUR, compatissant, cherche à atténuer l’autorisation divine de battre les épouses qui se refusent à leurs époux en soulignant que cette étape n’intervient qu’en dernier lieu après l’exhortation et l’éloignement. Au neuvième siècle, Mohammad Ibn Jarir Tabari a eu une interprétation plus subtile et plus spirituelle pour autant que battre une femme, fut-ce pour l’aimer, puisse appartenir à l’univers de la spiritualité. Au troisième millénaire, Rissouni qui sait que Dieu ne fait rien sans raison, souligne que le noble objectif de ce pouvoir de l’époux sur l’épouse récalcitrante est d’éviter au mari le péché capital d’aller voir ailleurs. La femme qui sait génétiquement que son plaisir est dans celui de l’homme, n’a plus qu’à subir ❚