Samia Tawil, La révélation Rock & soul de Mawazine

'Née en 1984 à Genève d’une mère marocaine et d’un père Syrien, Samia Tawil s’est très tôt découvert une passion pour les mots ; ceux qui touchent, qui témoignent et se rebellent. Très jeune, elle découvre l’écriture avec sa mère poétesse et compose des morceaux audacieux. A 14 ans, elle monte déjà sur scène et captive le public. Son 1er concert rock aux sonorités orientales et gnaouas à Mawazine a marqué les esprits. La rockeuse y a présenté son album « Freedom is now » (2011), un album engagé et sensible, mêlant soul, rock, pop, rythmes ethniques et musique orientale, un métissage créatif qui n’a pas manqué d’emballer le public.'

 

L’Observateur du Maroc : Vous êtes danseuse professionnelle, vous avez dansé avec la troupe de Janet Jackson à Vancouver. Quel souvenir en gardez-vous?

SAMIA TAWIL : C’était une belle expérience, c’était pour un seul concert, donc à titre exceptionnel. Je n’ai pas eu l’occasion de lui parler à elle, mais, le fait d’être dans sa troupe alors que je n’avais que 18 ans, ça m’a beaucoup appris.

Vous dansez, vous chantez, vous composez. Où est ce que vous vous retrouvez le plus ?

Ce sont différents moyens d’exprimer les mêmes émotions à différents degrés. La danse, c’est plus instinctif, plus 1e degré, tandis que la musique, ça implique plus de choses, un texte, plus travaillé, profond. La danse est universelle, mais la musique est spontanée et plus réfléchie.

Vous découvrez très jeune la poésie grâce à votre maman, écrivain et journaliste, Bouthaina Azami.

Depuis que je suis très jeune, j’ai baigné dans la littérature, j’ai toujours adoré écrire, c’est pourquoi mon amour pour la danse et l’écriture se ressent dans ma musique.

Qu’est ce qui vous inspire ?

Pour le style musical, je suis inspirée par mes origines, mais pas seulement, j’ai voyagé énormément en Amérique latine, j’ai vécu au Brésil, je m’en suis imprégnée et au final, ça se reflète dans certaines chansons. Mes textes évoquent des situations d’injustice sociale dont j’ai pu être témoin, en vivant à Beyrouth, au Brésil et ici… J’essaie un peu d’éveiller et d’amener à une prise de conscience.

On vous qualifie souvent de rebelle ?

Rebelle oui, dans le sens où je ne fais pas les choses qu’on attend de moi, sinon, je ne fais pas exprès d’essayer de casser les codes actuels. Il faut simplement être naturelle. C’est plus un besoin d’expression qu’une envie de marquer les esprits coûte que coûte.

Votre style est à mi-chemin entre Lenny Kravitz et Alanis Morissette ?

Ça me convient comme qualificatif, parce que j’adore ces 2 artistes et je suis très influencée par eux. Je suis aussi très inspirée par le style énergique d’Alanis Morissette (années 90) et aussi par la soul/funk : Lenny Kravitz, Janis Joplin (rock soul), c’est ce qu’écoutaient mes parents quand j’étais enfant.

Est-ce qu’il y a rythme qui vous parle plus au Maroc ?

J’adore la musique gnaoua et j’aimerais collaborer un jour avec un groupe gnaoua. J’aime beaucoup les racines afro de notre pays et je pense qu’elles sont peu représentées.

Vous êtes connue à l’étranger. Ici, on vous découvre.

Je suis née entre plusieurs cultures, je me sens de partout. Je n’ai pas l’impression que c’est bizarre, mais, ce que trouve réjouissant, c’est qu’ici, on commence à m’écouter. C’est un honneur pour moi parce que je ne m’attendais pas à ce qu’on reçoit aussi bien ma musique, c’est un style assez particulier ❚