Un vent favorable pour le Maroc

Pour un mastodonte, c’en est un et pas n’importe lequel. Eaton a clos 2013 avec un chiffre d’affaires de 22 milliards de dollars. Employant quelque 101.000 personnes à travers le monde et exportant dans un peu moins de 180 pays, ce spécialiste américain de la gestion d’énergie veut, lui aussi, faire du Maroc son hub pour l’Afrique. C’est le président de l'activité électrique de cette multinationale dans la région EMEA (Europe, Moyen Orient, Afrique) qui vient de l’annoncer. Frank Campbell était aux côtés de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, le 16 juin à la zone franche d’exportation Midparc à Nouasser où la première pierre de la nouvelle usine d’Eaton a été posée. « Cette future unité de production sera spécialisée dans la production de modules de distribution de l’énergie électrique inédits dans le monde et offrira, dans un premier temps, 500 emplois directs », annonce Campbell. Ce dernier a signé, le même jour, avec le ministre Elalamy la convention d’investissement établie entre le gouvernement marocain et le groupe américain portant engagement de ce dernier à investir 12 millions de dollars (environ 100 millions de dirhams) dans cette unité. Laquelle est appelée à devenir un campus régional pour toutes les activités futures du groupe. « La réussite de cette première phase amènera Eaton à étendre dans l’avenir sa ligne de production de Midparc pour accueillir d’autres activités du groupe dont l’aéronautique et l'hydraulique », précise le manager américain. L’expansion lancée par Eaton au Maroc est le fruit d’une stratégie qui a été mûrement réfléchie. Déjà pour lancer la première phase du projet qui devra se traduire par le regroupement de toutes les activités du groupe au Maroc, il a fallu pas moins d’une année de négociation avec les institutionnels marocains. « En tout, ce projet a mûri pendant trois ans », confie Frank Campbell. Une fois son usine construite, Eaton y relocalisera son unité industrielle de Berrechid, avec le transfert de 200 employés. La nouvelle unité s’étendra sur une superficie de 9.000 m2, emploiera 300 autres personnes et générera près de 1.500 emplois indirects. Si tout va bien, la future usine, qui exportera ses produits en Afrique et en Europe, montera progressivement en puissance. Le groupe américain annonce son intention d’en doubler la superficie pour passer à 18.000 m2, de porter le nombre de ses salariés à 1.000 (3.000 emplois indirects) et de tripler l’investissement à l’horizon 2016. De quoi réjouir le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. Peu de temps après le lancement de la stratégie d’accélération industrielle, Moulay Hafid Elalamy voit en l’investissement d’Eaton dans le royaume un signal fort pour les autres investisseurs, y compris nationaux. My Hafid Elalamy estime qu’une nouvelle ère s'ouvre dans le pays avec des investisseurs de la taille d’Eaton ou encore de Bombardier. Et d’ajouter que le pays jouit d’un vent favorable. « Maintenant, à nous de transformer l’essai », recommande-t-il. Elalamy mise sur l’émergence d’écosystèmes industriels autour de champions mondiaux. Il souhaite en l’occurrence qu’un essaim de fournisseurs vienne s’implémenter autour d’Eaton, comme cela a été le cas pour Renault à Tanger. Dans cette perspective, il assure que les engagements pris par le royaume seront respectés à la lettre. Le ministre révèle que son département est débordé, tant la demande est forte sur la destination Maroc de la part des investisseurs. On devrait même assister, sous peu, à une nouvelle grande annonce. Dans le marasme ambiant, cela devrait redonner espoir❚