Le Maroc à la conquête des investisseurs chinois

Actuellement, les investissements chinois sont peu nombreux. Leurs investissements portent sur un volume avoisinant les 160 millions de dollars. Selon l'ambassadeur Sun Shuzhong, sur la trentaine d'entreprises chinoises implantées au Maroc, la majorité opère dans les secteurs de l'informatique ou des télécommunications. C'est le cas notamment de Huawei et de ZTE. Les entreprises chinoises sont aussi présentes dans le domaine de la pêche côtière, notamment à travers la joint-venture China National Fisheries Corporation (CNFC) basée dans la ville d’Agadir depuis 1988 et aussi dans le secteur des infrastructures, où nombreux sont les projets qui ont été réalisés par des opérateurs chinois. Seulement, il reste encore beaucoup de terrain à conquérir. « Les entrepreneurs chinois ne connaissent pas bien le marché marocain. Ils ignorent les avantages qu'affiche ce pays », explique Sun Shuzhong. Et d’ajouter : « La procédure d'obtention d'un visa est longue et chère. Rien que pour aller sonder le marché marocain sur le terrain, un investisseur chinois doit attendre deux ou trois mois pour se voir délivrer un visa, et beaucoup perdent patience avant. Les gouvernements chinois et marocain étudient actuellement la possibilité d'un accord pour faciliter les échanges entre les citoyens des deux pays. Depuis mars 2014, les titulaires d'un passeport officiel chinois n'ont plus besoin de visa pour entrer sur le territoire marocain. De plus, une première ligne aérienne directe entre les deux pays devrait ouvrir dans le courant de l'année. J'espère que ces avancées accommoderont les investisseurs et entrepreneurs chinois ». Secteurs porteurs Lors du forum Maroc-Chine des affaires tenu en avril dernier, le message était clair : le Maroc dispose d'atouts considérables pour accueillir les investissements étrangers. Les secteurs qui peuvent intéresser les entrepreneurs chinois sont l’équipement et le transport, les nouvelles technologies et le secteur bancaire. En gros, des secteurs qui ont constitué, entre autres, un terrain privilégié des entreprises chinoises à l’intérieur comme à l’extérieur. Selon Abdellatif Maâzouz, exministre du Commerce extérieur, «le Maroc est capable d’offrir aux entrepreneurs chinois une niche immédiatement exploitable. Il s’agit des services après-vente, qui peuvent être très profitables aux investisseurs chinois sans pour autant insinuer que le Royaume est un pays low-cost ». Le secteur du transport est une spécificité des entreprises chinoises en dehors de la Chine. Le Maroc, qui a augmenté ses investissements dans ce secteur de 25 MMDH, entre 1998 et 2002, à 90 MMDH en 2012, ambitionne d’atteindre l’objectif de 500 MMDH en 2030, en partie grâce à l’argent de l’État. De quoi attirer les géants chinois du secteur. Par ailleurs, le gouvernement privilégie un mix commerce-investissement en matière de partenariat avec la Chine. D’après Abdelaziz Rabbah, ministre de l’Equipement et des transports, « la loi portant sur les partenariats public-privé que le Maroc est en train de mettre en place garantit un mode de coopération gagnantgagnant ». Il s’agit d’un atout majeur, selon le ministre, qui peut intéresser les investisseurs étrangers, notamment chinois. My Hafid Elalamy ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique nous confie que des investisseurs chinois viennent le voir sans être démarchés. « Je reçois déjà dans mon bureau des opérateurs présents en Chine... Je leur ouvre les portes dans tous les secteurs, l’automobile compris. Un industriel chinois mène d’ailleurs un projet d’usine d’acier dans le nord du pays. Je compte quant à moi ces prochains mois mener une action de prospection en Chine ». Afin de renforcer davantage son investissement au Maroc, la Chine compte construire un parc industriel chinois au Maroc. Mais ce projet est toujours en discussion. D’ailleurs ce serait une opportunité énorme pour le Maroc comme le confirme My Hafid Elalamy, qui voit en la Chine « l’usine du monde ». Une usine où les coûts progressent vite et qui va délocaliser, selon certaines études, 85 millions d’emplois en dix ans. « Si le Maroc en capte 1% nous tenons nos objectifs fixés dans le plan d’accélération industrielle ! », espère Elalamy❚