Libre cours
Naim KAMAL

Ahmed Zaidi, Ahmed Réda Chami et Abdelali Doumou ont eu l’idée de lancer un vrai ballon d’essai en laissant entendre sans vraiment dire qu’ils sont sur le projet de faire revivre le parti de feu Moulay Abdellah Ibrahim, l’Union Nationale des Forces Populaires (UNFP), père malgré lui de l’USFP et lui-même rejeton rebelle de l’Istiqlal. Pour mémoire, les trois hommes sont des figures de l’USFP qui n’ont pas digéré la présence de Driss Lachgar à la tête du parti depuis son dernier congrès. Ils ont bien tenté de créer un courant à l’intérieur des rangs socialistes, mais visiblement ils n’ont pas trouvé suffisamment d’espace pour se mouvoir. Afin d’éviter le risque de se métamorphoser en figurines s’ils restaient à l’intérieur de l’Union qui porte depuis longtemps si mal son nom, Zaydi et ses amis ont beaucoup cogité et ruminé. Ils sont arrivés à une conclusion innovante : pour aller de l’avant, il faut revenir en arrière, une adaptation judicieuse de reculer pour mieux sauter. L’UNFP est une coquille vide, en rade de toute activité politique, en dehors de l’action au sein de l’UMT pour quelques uns d’entre eux. Ainsi en avait décidé le défunt leader, convaincu qu’aucune démocratie n’était possible sans des réformes économiques préalables fondées sur le bon vieux principe de la nationalisation tout azimut. Depuis c’est l’hibernation. La coquille dormante ellemême vit la dissidence et ses leaders font chambre à part : Une aille à Rabat et l’autre à Casablanca. La première gageure pour Zaidi et ses amis consiste à réconcilier les frères ennemis de l’UNFP. Il semble que c’est faisable. Le deuxième challenge est de réveiller la belle aux bois dormant. Un seul baiser n’y suffirait pas. Ramener à la vie des structures laissées à l’abandon depuis plus de trois décennies reviendrait à vouloir remonter une vieille voiture livrée à la casse et à l’alternance du soleil et de l’humidité.

Mais rien ne fait peur à Zaidi et ses amis. Ils ont de l’entregent et de la volonté. Celle de ne pas se laisser tuer. Et y a-t-il meilleur moteur que l’instinct de survie ? Ce qu’entreprennent les trois hommes, si ce qu’on leur prête est réel, c’est en quelque sorte un ressourcement ou bien plus un retour aux sources. Si effectivement c’est ça l’idée, il ne faut pas faire les choses à moitié. Pour aller au bout de la logique, il est impératif de développer la stratégie des poupées russes, ces matriochka qui s’emboitent l’une dans l’autre, de la plus petite à la plus grande. Ce travail, le parti travailliste de Benatik et d’autres formations microscopiques l’ont bien entrepris en réintégrant l’USFP. Ne reste plus à celui-ci que de retourner à l’UNFP qui à son tour reviendrait à l’Istiqlal et ainsi de suite en remontant le temps jusqu’à ce qu’un petit matin du 11 janvier 1944 on se retrouve en train de rédiger le manifeste de l’indépendance ❚