Couvre feu nocturne. Les commerçants attendent toujours un soutien
Le couvre feu nocturne pendant le ramadan impacte lourdement les commerçants

L’instauration d’un couvre feu nocturne pendant le ramadan suscite l’ire de beaucoup de commerçants. Le ministère de tutelle prévoit des mesures de soutien.

«Nous sommes en quasi-arrêt d’activité depuis un an. 30% de notre chiffre d’affaires est réalisé pendant le ramadan. Ce couvre feu nocturne brise tout espoir de reprise de nos activités », lance d’emblée Abdelhadi Zaâri, l’un des commerçants d’habits traditionnels de Kissariat hamidiya à Derb Sultan. En tant que grossiste, il a l’habitude de vendre ses articles aux neggafats , aux clients issus des pays voisins et africains tels que l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal sans oublier les commerçants installés dans des petites villes marocaines.

«Aujourd’hui, nous sommes bloqués de partout. Il n’y a pas de mariages, les frontières sont fermées et les commerçants des petites villes qui ouvrent généralement le soir pendant le ramadan ont les mains liées. Résultats : la moitié des grossistes ont mis la clé sous la porte. Le reste qui résiste, n’a même pas de quoi payer son loyer et subvenir aux besoins de sa famille au cours de ce mois sacré », regrette Abdelhadi Zaâri.

Un autre commerçant de vêtements pour enfants à Maârif ne cache pas sa déception au sujet de la décision gouvernementale. Une déception difficile à avaler lors d’une période qui traditionnellement, connue par la ruée vers les magasins de prêt à porter. «On reste ouvert toute la journée sans vendre un seul article. La recette moyenne ne dépasse pas les 50 DH par jour voire moins », explique le commerçant.



Un plan d’indemnisation dans le pipe

Interrogé par les groupes parlementaires sur ce sujet, lors de la séance plénière dédiée aux questions orales à la première Chambre, le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, a promis un plan d’indemnisation dans les jours qui viennent, en coordination avec les départements ministériels concernés ». Mais cette réponse n’a pas été du goût des députés qui ont interpellé le ministre sur la situation désastreuse du secteur et critiqué la gestion hasardeuse de ce dossier par le gouvernement. Les avis sont unanimes : comment instaurer un couvre feu nocturne sans prévoir de mesures parallèles de soutien pour les commerçants ? Le ministre a été catégorique «La décision du couvre-feu a été prise à la dernière minute. Nous n’avions donc pas le temps nécessaire pour préparer un plan de mesures de compensation », avance t-il avant d’inviter les députés à formuler des propositions qui peuvent alléger l’impact et préciser que le plan de sauvetage est en cours de discussion au niveau du CVE. Se dirige t-on vers des fermetures pour les zones les plus touchées uniquement ? Vers des aides frontales pour les commerçants ? Ou plutôt vers des exonérations fiscales ?....Pour le moment, la décision n’est pas encore prise. Mais les commerçants ont toujours l’espoir d’aller vers un allègement des restrictions pendant les deux dernières semaines du ramadan.