Libre cours
Naim KAMAL

Depuis que le scandale du complexe sportif Moulay Abdallah de Rabat, lors du Mondialito, a contraint le titulaire du département, Mohamed Ouzzine, à la « démission », Mohand Laensar, secrétaire général du Mouvement populaire, ministre de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire, ministre par intérim de la Jeunesse et des Sports, aurait reçu du ministère de l’Intérieur un rapport détaillé sur l’affaire. Ce rapport innocenterait l’ancien ministre de toute irrégularité et imputerait les responsabilités à sept fonctionnaires du ministère. Ils auront à payer pour leurs manquements conformément aux statuts de la fonction publique, etc.etc.etc. Scrupuleux, Mohand Laensar éviterait de prendre toute sanction à l’égard des « coupables » en raison du caractère intérimaire de sa position. Dans ces informations, rien d’officiel, ni de la part du ministère de l’Intérieur ni du ministère de la jeunesse et des sports. Rien que des sources anonymes, même s’il n’est pas particulièrement difficile d’en deviner l’identité. Un Sherlock Holmes élémentaire déduirait rapidement que le crime de la divulgation du prétendu rapport du ministère de l’Intérieur profite à Mohand Laensar. Le secrétaire général du Mouvement populaire, à peine Mohamed Ouzzine débarqué, n’a pas trouvé mieux que de le désigner coordinateur du parti et son Monsieur élections au grand dam de ses adversaires. Ses motivations ? On va dire que le coeur à des raisons que la raison ignore. Mais le chef de file, en butte à d’importantes difficultés au sein du mouvement haraki, commet une faute de goût doublé d’un manque de savoir-faire. Aucun chef politique un tant soit peu sensé ne placerait au centre de son parti, sans un passage par une période purgatoire, un homme que l’opinion publique perçoit comme le responsable d’un scandale planétaire qui a éclaboussé le Mondialito et embrasé les réseaux sociaux. Du pain béni pour les adversaires de Laensar et Ouzzine qui montent au créneau et tirent sur tout ce qui bouge à l’intérieur du parti. Comme le choix entre les uns et les autres est extrêmement malaisé, il vaut mieux laisser les antagonistes du MP à leurs luttes intestines.

Reste deux ou trois petits points à éclaircir. En divulguant le présumé contenu, peut-être mal lu et sciemment interprété dans un sens particulier, d’un rapport interne, la « source » n’a-t-elle pas fauté ? Ne relève-t-elle pas alors des mesures prévues par les statuts de la fonction publiques ? L’a-t-on oublié, mais un fonctionnaire du ministère des Finances a été poursuivi pour avoir fuité des documents sur les primes du ministre et de responsables de ce département. En utilisant le même rapport pour faire face à une crise partisane, la même « source » n’a-t-elle pas abusé de sa position de destinataire d’un document administratif ? J’estime que oui, mais je considère que s’il y a malversation dans cette affaire, elle relève désormais de la justice. Une chose est sûre, un ministre, quel qu’il soit, est le premier responsable de toute dérive qui interviendrait dans son administration, notamment lorsqu’elle est de la dimension du scandale du complexe sportif de Rabat. à ce titre, la responsabilité de Mohamed Ouzzine est engagée et il ne saurait s’y soustraie, ne serait-ce que parce qu’il aurait manqué de vigilance.