Sébastien Cauet en rodage à Casablanca

'L’humoriste et animateur de radio et télé Sébastien Cauet nous parle de son nouveau spectacle. Un One man show intimiste sans concession où il évoque son enfance, ses débuts à la radio, ses peines et ses succès.'

Pourquoi avoir choisi Casa pour roder votre One Man Show ?

Sébastien Cauet : En fait, le mot rodage n’est pas beau, il y a une autre version qui s’appelle : Pas prêt, mais on ne peut pas marq uer cela sur une affiche ! En théorie, le principe du rodage consiste à se cacher dans les petites salles pour essayer des vannes, et comme le spectacle n’est pas figé, si ça f ait rire, on garde, sinon, on zappe. En fait, ce n’était pas prévu mais comme lors de mon précédent spectacle, on a eu un énorme plaisir à nous produire à Casa, je trouvais qu’en phase de rodage, c’était bien de roder sur un autre public. D’ailleurs, c’est comme ça qu’on a construit le rodage, on essaie de faire tous les publics pour voir si ça réagit comme on le pense partout.

Justement, vous pensez quoi du public casablancais ?

Je le trouve génial. C’est toujours compliqué de jouer votre spectacle dans un autre pays que le votre, c’est à la fois un sentiment de fierté et de peur mais aussi d’appréhension. En tant qu’humoriste, on se demande si les gens vont rire à ce qui fait rire 99,9% de la France ? Est ce que ça va heurter ? Je ne suis pas du genre à vouloir choquer le public, j’aime que les gens s’amusent et j’adore être à la limite sans jamais la franchir. Ce qui est drôle dans un spectacle, c’est de pouvoir contourner la chose au bon moment. Dans le nouveau spectacle, je m’amuse à parler du film « 50 nuances de grey », qui a changé la vie de beaucoup de couples, et là, je vois que ça fait réagir toutes les femmes dans la salle.

à quel moment on se rend compte qu’on a franchi la ligne ?

à l’écriture, de plus, au bout de 4 années de One Man Show, et avec la radio et la télé, je connais mon s tyle de public.

Des sujets comme quoi ?

Ca peut être juste un mot, une phrase,… un sujet peut sombrer dans une vulgarité et c’est à vous de savoir si vous le gardez dans votre show ou pas. Dans le spectacle précédent, je finissais sur les clubs échangistes et il n’y avait pas un mot de vulgarité dedans parce que je ne voulais pas sombrer là dedans, vu que le thème était déjà limite, donc, dès l’écriture, je faisais la guerre à chaque mot, je pesais chaque phrase et je veillais à équilibrer le tout. Un spectacle, c’est comme une recette de cuisine, si vous y allez trop fort s ur le piment, c’est immangeable, si vous n’en mettez pas, c’est fade ! Vous pouvez avoir le même texte, si vous ne levez pas un peu le curseur, ça sera sans plus, si vous y allez trop fort, ça va déplaire, donc le but du jeu, c’est d’essayer d’être le plus juste possible. Quand le public sait que vous dîtes les choses pour l’amuser, sans méchanceté, sans haine, sans message politique, vous pouvez presque vous moquer de lui.

Est-ce que c’est une décision que vous avez prise après que Thierry Ardisson vous ait traité de con et vulgaire ?

Non, du tout ! La grossièreté, c’est une évidence, la vulgarité, ça l’est moins ; la grossièreté, c’est des mots, la vulgarité, c’est un ensemble de mots, d’attitudes. Si vous prenez le look féminin par exemple, vous aurez des femmes qui vont porter la même robe, certaines vont être très classes, voire un peu sexy, d’autres vont être vulgaires, pourtant, elles sont habillées de la même f açon ! La vulgarité, dépend de la sensibilité de chacun. C’est pour ça que je n’étais pas d’accord, je m’en foutais un peu, c’est plus des coups de promo qu’autre chose. J’ai toujours fait attention de ne pas l’être, j’aime plutôt faire un humour décomplexé.

Pourtant, on vous a souvent reproché d’avoir un humour un peu vache. Est ce que vous croyez que les Français réagissent plus à ce genre d’humour plutôt qu’à un humour plus subtil ?

Il faut que vous ayez tous les types d’humour. Il faut qu’il y ait un humour à la Gad El Maleh, à la Dany Boon, à la Jean-Marie Bigard,... Dans mon nouveau spectacle, en racontant mon séjour à l’hôpital, j’explique ce que j’ai vécu et je me moq ue de pas mal de choses, j’aimerais bien que les gens se disent : le sale gamin,… J’aime provoquer ce genre de réactions, il n’y a rien de pire qu’un spectacle qui vous laisse froid ; le but du jeu quand vous secouez un peu, c’est d’avoir une salle q ui rit pendant une heure et demi.

Et la Méthode Cauet, c’est oublié ?

Ce n’est pas oublié, on me f ait souvent des propositions mais là, je suis sur d’autres choses, avec la radio et le spectacle. Sur internet, on va bientôt passer à 1 milliard d e vues. Donc pour le moment, ce n’est pas une priorité. Peut être un jour !

Votre nouveau spectacle est plus intimiste. C’était le moment pour vous de vous livrer ?

Oui, je parle pour la 1ère fois de mes démarrages à la radio, le spectacle commence par moi petit quand j’avais 10 ans en train d’appeler une radio, en disant ce que je rêverais de faire, et la voix off me dit : « ça, tu arriveras jamais ». Et on le boucle à la fin un peu de cette manière. Il y a un petit côté poétique qui entoure ces 1h30 de déconne. Oui, c’est plus autobiographique que le premier, d’ailleurs, rien n’est plus drôle que quand vous vous moquez de vos propres expériences. Si vous racontez ce que vous avez vécu, en exagéré, personne ne le fera mieux que vous.

La femme inspire une partie de votre spectacle. Comment voyez-vous la femme en général ?

Dès qu’on attaque la partie « 50 nuances de grey », ça réagit dans la salle. Je trouve que c’est toujours très drôle d’équilibrer une forme d’humour, de ne pas faire un humour que de mecs, et de faire un humour où volontairement, les femmes puissent avoir ce côté revanchard sur nous. D’ailleurs, les femmes ont le pouvoir, et sans vous, on ne serait pas grandchose !

Vous préférez plutôt la télé, la radio, la scène ?

J’aime passer de l’un à l’autre pour qu’il n’y ait pas un qui m’enferme plus qu’un autre. J’aime bien batifoler de l’un à l’autre. Quand il y a un qui me fatigue un peu, je sais que l’autre va m’amuser.

C’est difficile pour vous de jouer en France après les derniers attentats ?

La France entière est marquée, le reste de la France n’est pas Paris et continue à sortir. J’ai joué dans d’autres villes de France, les salles étaient pleines. On assiste à une espèce de panique généralisée, on doit passer par là, les g ens vont ressortir, la vie continue.

Vos projets ?

Pour l’instant, je n’ai pas le temps, mais j’envisage de faire du cinéma mais tranquillement.