En direct de l'Islande. Terrifiant et saisissant spectacle de l'éruption Fagradalshraun près de Reykjavik
Les éruptions volcaniques sont parmi les phénomènes naturels les plus spectaculaires.

Les grands geysers de lave qui brisent le calme momentané et trompeur dans la vallée de Geldingadalir près de Reykjavik en Islande offre un incroyable spectacle que seule dame nature est capable d'offrir.



Un vrombissement intense prévient que l'explosion est imminente, dans ce secteur inhabité de la péninsule de Reykjanes, à la pointe sud-ouest de l'Islande.

"Ça évoque le bruit d'un avion dans le ciel", souligne Freyja Wappler-Fridriksdóttir, une des plus de 2.500 personnes à être venues sur place ce samedi.

"Ce n'est pas tous les jours que l'on peut admirer un volcan d'aussi près. C'est vraiment stupéfiant et si beau", s'émerveille-t-elle, assise à environ 500 mètres du cratère. L'office météorologique national estime que l'un des jaillissements les plus intenses observé a dépassé les 460 mètres de haut mercredi au petit matin.

Bjarki Brynjarsson, 25 ans, se délecte de cette partie de cache-cache grandiose, où le cratère s'éteint pendant plusieurs minutes sans signe d'activité apparente, avant que la lave ne jaillisse dans le ciel crépusculaire.

"J'attends que la bombe explose", s'amuse-t-il.

Ces pulsations cycliques ressemblent étrangement à celles de Strokkur, le geyser - d'eau - le plus actif d'Islande à 100 kilomètres à l'est de Reykjavik.

En réalité, "le magma coule tout le temps. C'est juste à la surface qu'il y a une modulation", explique à l'AFP le vulcanologue Magnús Tumi Gudmundsson.

"C'est un comportement normal. Il est, en fait, moins courant d'avoir un flux très continu sans pulsations", ajoute-t-il.

Les puissants éclats de lave entraînent des retombées de tephra, des fragments de roche, dont certains encore chauds - et potentiellement mortels - atterrissent à plusieurs centaines de mètres du cratère.

Une zone d'exclusion permanente dans un rayon de 400 mètres autour du cratère actif a ainsi été dressée par temps calme et peut être étendue jusqu'à 650 mètres en fonction de la vitesse du vent.

L'éruption, qui a débuté le soir du 19 mars, est exceptionnelle à plus d'un titre: voilà plus de huit siècles que la lave n'avait pas coulé dans la péninsule de Reykjanes, et près de 6.000 ans là où l'éruption s'est produite.

Sortant d'une puis de plusieurs failles, elle a formé plusieurs petits cratères successifs à Geldingadalir - "vallées des eunuques" en français, dont un seul est réellement actif. "La suite n'est pas tout à fait claire car les différents types de volcanisme que nous avons eus sur la péninsule de Reykjanes peuvent couvrir tout cet intervalle de temps", explique Edward Marshall, géochimiste à l'Institut des Sciences de la Terre.

Une certitude toutefois, explique le spécialiste: "c'est la lave la plus primaire (directement issue de la croûte terrestre, ndlr) que nous observons depuis la dernière période glaciaire", qui s'est achevée il y a environ 10.000 ans.