Reconnaissance mondiale pour l’arganier marocain
Le ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et des forêts, Aziz Akhannouch

De nouvelles perspectives prometteuses ont été annoncées hier, lundi 10 mai, pour l’écosystème de l’arganier, à l’occasion la célébration de la toute première journée internationale dédiée à cet arbre aux multiples bienfaits.

D'ici 2030, il est prévu la plantation au Maroc de 50.000 hectares (ha) d’arganier, a indiqué hier à Agadir, le ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et des forêts, Aziz Akhannouch.
S’exprimant lors de la cérémonie organisée à l'occasion de la première célébration de la journée internationale de l’arganier initiée par le Maroc et l’Organisation des Nations Unies, Akhannouch a souligné que dans le cadre de la stratégie "Génération Green" lancée par le Roi Mohammed VI, il sera procédé à la poursuite de la mise à niveau du secteur de l’arganiculture à travers notamment le lancement d’autres projets de développement dans le but d’atteindre un objectif cumulatif de 400.000 ha .
Et d’ajouter qu’en 2018 , un programme a porté sur la plantation de 10.000 hectares d’arganier pour un coût global de 49 millions de dollars, au profit de 26.000 bénéficiaires, faisant savoir que le Fonds de développement agricole offre des incitations financières pour l’accompagnement de l’arganiculture.
D’autre part, Akhannouch a relevé que la demande commerciale des produits d'arganier a connu une augmentation tangible, notant que les exportations marocaines d'huile d'argan ont triplé entre 2010 et 2020.
Afin de renforcer la positon de ces produits sur les marchés internationaux et protéger ce patrimoine civilisationel, l’arganier dispose depuis 2010 de sa propre déclaration géographique , a rappelé le ministre. Le ministre a affirmé que, dans le cadre des efforts déployés pour organiser le secteur, plus de 500 coopératives rassemblant 10.000 femmes, ont vu le jour soit 10 fois plus qu’en 2004.
Il a été procédé également, à la mise en place de 22 pépinières pour la production de plantations d'arganiers agréées par l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), contre 2 en 2015, ainsi que la création de plus de 450 petites et moyennes entreprises opérant principalement dans les domaines de la valorisation et à l'export, avec un chiffre d'affaires annuel actuellement estimé à plus d'un milliard de dirhams, a-t-il ajouté.

Akhannouch a mis l’accent sur la responsabilité collective de tous les pays d'accorder un intérêt particulier au renforcement de la coopération et du financement internationaux au profit de la protection de ce patrimoine unique, qui joue un rôle vital dans la préservation de l'équilibre de la nature et de la diversité biologique.

L’arganier marocain s’invite à l’ONU

Faisant suite à l’adoption d’une résolution, présentée par le Maroc, à l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York le 3 mars 2021, la proclamation de la journée internationale de l’arganier a été célébré hier, comme il se doit ce patrimoine immatériel de l’humanité.

Une conférence internationale virtuelle a rassemblé, hier lundi 10 mai, des intervenants de haut rang dont Omar Hilale, ambassadeur Représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, VolkanBozkır, Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire Générale de l’ONU et présidente du groupe des Nations Unies pour le Développement Durable, Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO, Tedros Ghebreyesus, Directeur Général de l’OMS, Anita Bathia, Directrice Exécutive Adjointe de l'ONU-Femmes, Maria Henela Semedo, Directrice Générale Adjointe de la FAO, et Yannick Glemarec, Directeur Exécutif du Fonds Vert pour le Climat.
La résolution onusienne relative à l’arganier reconnaît la contribution colossale du secteur de l’arganier dans la mise en œuvre des 17 objectifs de l’agenda 2030 et la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions: économique, sociale et environnementale. Elle met également en exergue le rôle de ce secteur dans l’autonomisation et l’émancipation de la femme rurale, le renforcement de l’économie solidaire, l’éradication de la pauvreté et le développement humain à travers le soutien et la promotion du rôle des coopératives et autres formes d’organisation agricoles actives dans le secteur de l’arganier.

Lopez-Ekra, Coordinatrice Résidente du Système des Nations Unies au Maroc


«Or liquide»

La proclamation par les Nations Unies du 10 mai de chaque année, Journée internationale de l’Arganier, suite à une résolution présentée par le Maroc et co-parrainée par 113 États membres, a été "un moment de grandes réjouissances pour nous tous”, a affirmé hier à Essaouira, Sylvie Lopez-Ekra, Coordinatrice Résidente du Système des Nations Unies au Maroc.

Cette proclamation a été "le point culminant” d’une série de reconnaissances du caractère exceptionnel de l’arganier par l’ONU, qui a débuté en 1988, a noté la responsable onusienne, qui s’exprimait à l’ouverture d’un webinaire, initié par la Fondation Mohammed VI pour la Recherche et la Sauvegarde de l’Arganier (FMVI.RSA), pour la célébration de cet événement.

En effet, cette année-là, l’UNESCO a désigné la zone de l’Arganeraie comme réserve de biosphère, a-t-elle rappelé, ajoutant qu’en 2014, tous les savoir-faire concernant l’arganier ont été également inscrits sur la prestigieuse liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Et de poursuivre que quatre ans plus tard, en décembre 2018, c’est la FAO qui a reconnu le système agro-sylvo-pastoral de la zone d’Ait Souab-Ait Mansour comme système ingénieux du patrimoine agricole mondial.

"Nous célébrons donc aujourd’hui l’aboutissement de la reconnaissance internationale de cette région unique, et de son huile, «l’or liquide» du Maroc, précieuse pour le monde entier”, a-t-elle dit.

Pour Lopez-Ekra, en célébrant cette première Journée internationale de l’arganier, "nous honorons aussi les femmes, les agriculteurs, les entrepreneurs et autres amoureux de cette terre, qui ont contribué à sa grande résilience à travers les siècles”.

Lopez-Ekra a aussi salué les efforts inlassables déployés par le Royaume, conformément aux Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI, à travers la Fondation Mohammed VI pour la Recherche et la Sauvegarde de l’Arganier (FMVI.RSA) et l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA).

Elle s’est également attardée sur le rôle majeur de l’arganier, de son écosystème et de sa culture, dans la réalisation des trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale-, mettant en avant la contribution de cette filière à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) aux niveaux local et national.

Enfin, Lopez-Ekra a fait part de l’engagement du Système des Nations Unies au Maroc auprès du gouvernement, des collectivités locales et des populations, pour œuvrer ensemble pour la préservation et la prospérité durable et inclusive ainsi que pour le rayonnement international de l’arganeraie.

André Azoulay, président de la Fondation Mohammed VI pour la Recherche et la Sauvegarde de l’Arganier


Valeur universelle


"Universel par nature, l’arganier a vu la dynamique et la profonde légitimité de toutes ses vertus consacrées par la Journée Mondiale qui lui est désormais consacrée chaque année le 10 mai par les Nations Unies”, a affirmé lors du webinaire le conseiller royal André Azoulay. En sa qualité de président de la Fondation Mohammed VI pour la Recherche et la Sauvegarde de l’Arganier (FMVI.RSA), il a souligné le caractère inédit du seuil historique que venait de franchir le Maroc qui, à travers cette Journée Mondiale, "voit ainsi reconnues la constance et la rigueur de ses engagements pour sauvegarder, valoriser et promouvoir la biosphère et l’écosystème de l’arganeraie marocaine”.

Cette reconnaissance est le résultat de la mobilisation collective de tous, Ministères, Institutions et Société Civile, a ajouté Azoulay, en soulignant que de Rabat à New York et d’Essaouira à Agadir, la longue chaîne des décideurs, des chercheurs et des amis de l’arganier a permis de partager avec le plus grand nombre les potentiels, les atouts et les obligations que "nous dictent ce momentum et cette reconnaissance internationale”.

Dans cette perspective, le conseiller royal a rappelé qu’il y a 17 ans, le 9 mai 2004, naissait à Essaouira la Fondation Mohammed VI pour la Recherche et la Sauvegarde de l’Arganier créée pour étudier, rechercher et faire se rencontrer ceux qui avaient le souci d’accompagner ce momentum par une pédagogie de la préservation de la ressource, de la régulation de ses flux et du respect des impératifs écologiques, biologiques et humains de l’univers de l’arganeraie.

Mettant en relief les étapes décisives qui ont jalonné ce parcours avec notamment la création et la mise en place de l’Indication Géographique Protégée (2004-2009), une première sur le continent africain suivie par l’inscription sur la prestigieuse liste de l’UNESCO du Patrimoine Culturel Immatériel Universel des "Savoirs-Faire liés à l’arganeraie”, le Conseiller du Roi Mohammed VI a conclu en réaffirmant que "ces acquis, comme la Journée Mondiale dont nous célébrons aujourd’hui la première édition, doivent aussi être lus et compris comme un contrat d’obligations et de responsabilités réciproques pour tous les acteurs de cette filière et toutes les institutions qui en assurent la tutelle et la charge”.