Le monde selon Trump : un vrai maelstrom
Mireille Duteil

Pour les États-Unis et leurs alliés, c’est à la fin d’un monde qu’on assiste avec l’avènement de Trump. Personne ne voulait y croire : Donald Trump est un pragmatique, entendait-on ; il n’appliquera pas ses promesses électorales…. Apparemment, il ne suffit pas d’être un entrepreneur à succès pour être pragmatique. On peut être un homme d’affaires et un idéologue.

Le nouveau président avait à peine posé ses valises dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, le 20 janvier, son équipe n’était pas encore au complet, ses ministres n’avaient pas tous l’aval de la commission du Sénat qui les audite, que Donald Trump commençait à détricoter les grandes mesures de l’ère Obama. Du grand art. On ne pourra pas lui reprocher de ne pas se hâter à mettre en œuvre ses promesses électorales ! Son premier ennemi : le multilatéralisme qu’il abhorre.

Le 23 janvier, une ordonnance a suffi pour que les États-Unis se retirent du Traité commercial transpacifique (TPP) signé en février 2016, après 8 ans de difficiles négociations à 12 (11 pays américains et asiatiques). Un virage unilatéral qui met fin au libre-échangisme sur lequel a reposé la politique commerciale américaine depuis plus d’un demi-siècle. Le résultat ? Les membres du TPP vont se tourner vers la Chine.

Trump va-t-il, dans la foulée, mettre fin à l’Alena, l’accord de libre-échange signé avec le Canada et le Mexique ? Le nouveau président l’affirme. Mais Trump a d’autres « bêtes noires », à commencer par les étrangers, a priori suspects, et le réchauffement climatique dont il nie l’existence. Là aussi, il veut faire table rase du passé. Il a supprimé les visas aux réfugiés moyen-orientaux et africains (Syriens, Irakiens, Iraniens, Somaliens …), veut poursuivre la construction du mur avec le Mexique, a coupé les subventions aux ONG finançant des programmes en faveur de l’avortement, diminué les aides aux associations culturelles, et signé la construction de deux pipes pour le pétrole de schiste de l’Alaska…. Jusqu’où ira-t-il ?

La semaine prochaine sera-t-elle réservée à tourner le dos à la diplomatie américaine traditionnelle ? Le champ est vaste. Invité à lui rendre visite à Washington en février, Benyamin Netanyahou veut croire qu’un boulevard s’ouvre devant lui. « Les règles du jeu ont changé. Nous n’avons plus celles d’Obama », déclarait, satisfait, le 23 janvier le maire de Jérusalem, annonçant la construction de 566 logements dans la partie palestinienne de la ville sainte. 11.000 autres sont en projet. En ligne de mire de Netanyahou : porter l’estocade à l’idée des deux Etats, palestinien et israélien. Et quelle sera la politique de Trump sur l’Iran ? Va-t-il cesser de payer pour l’Otan dont il estime que les États-Unis supportent seuls le fardeau ? Notons que son ministre de la Défense n’est pas favorable à l’annulation de l’accord avec Téhéran. L’isolationnisme de Trump n’est pas une nouveauté dans l’histoire américaine. Il inquiète les Européens au moment où leur continent se fissure tandis que Vladimir Poutine se sent le vent en poupe. Certains craignent qu’après l’Ukraine et la Syrie, le président russe, l’ami de Trump, ne regarde vers les pays Baltes qui risquent d’être bien seuls.