Rareté de l’eau. Le désespoir grandit mais le ministère rassure

Des dizaines de citoyens se sont rassemblés récemment dans la région de Taounate pour organiser une "marche de la soif". Cette manifestation met en évidence l'ampleur de la crise de l'eau dans la région, qui fait face à des problèmes persistants d'accès à l'eau potable et d'approvisionnement régulier depuis plusieurs années.
Cri de détresse
En plus de Taounate, les voix des citoyens se font entendre dans de nombreuses autres villes et villages, réclamant la fin des interruptions prolongées de l'approvisionnement en eau pendant la période estivale. Ils expriment également leur mécontentement face à la faible pression de l'eau aux robinets. Cette situation découle non seulement de la diminution des précipitations, mais aussi de l'exploitation excessive des ressources en eau et de la détérioration des infrastructures, des problèmes qui sont devenus structurels en raison de la sécheresse. «Ces manifestations sont un cri de détresse des habitants de Taounate et des régions avoisinantes, soulignant l'urgence de trouver des solutions durables pour résoudre cette crise de l'eau », souligne le secrétaire général de l’association «Eau et Énergie pour tous» (ASEET), Abdeslam Benbrahim qui ajoute « qu’il est impératif de prendre des mesures efficaces pour faire face à la raréfaction de l'eau, améliorer les infrastructures hydrauliques et promouvoir une gestion responsable des ressources en eau ».
D'après Abdelhak Abou Salem, vice-président du conseil de la région Fès-Meknès, la province de Taounate possède une ressource en eau considérable, représentant plus de 30% des ressources en eau de surface du Maroc. Elle compte cinq grands et moyens barrages, ainsi que d'autres barrages en cours de construction. Cependant, malgré cette abondance, Taounate fait face à une crise de l'eau, principalement en raison de problèmes liés à la mise en œuvre de ces projets. Il a ajouté également que les retards dans les études, l'annonce des marchés publics et d'autres problèmes liés à la résiliation de ces contrats ont un impact considérable sur les citoyens, qui en sont les premières victimes.
Le ministère rassure
Interrogé sur la rareté de l'eau à Taounate, le ministre de l'Équipement et de l'Eau, Nizar Baraka, reconnaît l'importance de cette problématique et assure que des mesures urgentes ont été prises pour remédier à la situation et garantir l'accès à l'eau pour tous les habitants. «Nous faisons face à des problèmes d'approvisionnement en eau dans plusieurs régions, notamment en raison de la sécheresse. Cela met une pression sur les canalisations et entraîne des difficultés d'approvisionnement. Cependant, nous avons entrepris plusieurs chantiers pour résoudre ces problèmes spécifiques qui se sont produits à Taounate et Oujda de manière urgente et structurelle », détaille le ministre ajoutant «Aujourd'hui, les travaux de rénovation des canalisations sont en cours à Taounate et Oujda, et nous prévoyons de résoudre définitivement ces problèmes d'ici fin août et fin octobre respectivement ».
En parallèle, le ministre souligne également la mise en place de mesures temporaires pour répondre aux besoins immédiats de la population. « Nous avons acquis 700 camions-citernes l'année dernière, qui sont utilisés pour fournir de l'eau aux personnes touchées par les pénuries. Plus de 2,7 millions de personnes bénéficient actuellement de cette assistance », fait-il savoir.
Des solutions à long terme
La rareté de l'eau est devenue une préoccupation majeure au Maroc, touchant à la fois les zones rurales et urbaines. Les chiffres révèlent une diminution des réserves hydriques, avec un taux de remplissage des barrages de 32,3%, contre 30,9% enregistrés l'année précédente. Cette situation met en péril jusqu'à 30% des réserves de pluie du pays d'ici 2050, ce qui aurait des conséquences dévastatrices sur l'agriculture, le tourisme et d'autres secteurs économiques.
De plus, la consommation d'eau par habitant au Maroc est inférieure à la moyenne mondiale, avec seulement 600 mètres cubes disponibles par an. Face à ce constat, Nizar Baraka lui, assure que le ministère a entrepris a entrepris d'importants projets pour remédier à cette situation. L'un de ces projets majeurs est l'autoroute de l'eau, dont la finalisation est prévue en août. Ce projet vise à améliorer l'accès à l'eau dans la région de Casablanca et à résoudre l'un des problèmes majeurs liés à son approvisionnement. . De plus, des stations de dessalement de l'eau ont été mises en place dans les régions de Jadida et Safi, afin de fournir de l'eau potable aux populations locales et de réduire la pression sur le barrage d'Al Massira. « Cette initiative permettra de réaffecter définitivement les eaux des barrages d'Al Hansali et Bin El Ouidane à des fins d'irrigation et de sécurité alimentaire, contribuant ainsi à la préservation des ressources en eau du pays », conclut le ministre