Innovation en Afrique. La CGEM appelle à l'action
« Malgré une baisse significative des financements des start-ups dans le monde en 2022, l'Afrique a poursuivi sa tendance à la hausse, avec 4,9 milliards de dollars de fonds propres levés en 2022, dans le cadre de près de 700 transactions. Les fintechs occupent la part de lion, avec 1,9 milliard de dollars de financement en actions, représentant 39 % du financement total », explique le patron des patrons, Chakib Alj à l’occasion d’un événement que la CGEM a organisé en partenariat avec le Fonds Monétaire International et la International Finance Corporation, et ce, en marge des assemblées annuelles BM-FMI sous la thématique Africa, the innovation engine".
Potentiel inexploité
Alj estime, par ailleurs, que le bilan est en deçà des aspirations. « Malgré les progrès considérables accomplis, l'Afrique ne représente actuellement que 0,2 % de la valeur des start-ups mondiales », déplore-t-il. Le Maroc n’est pas en reste. La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Ghita Mezzour, a relevé que le pays dispose de startups dynamiques. Néanmoins, elle a noté que le Maroc n'utilise jusqu'à présent que 10 % de son potentiel dans le secteur, ce qui signifie qu'il lui reste encore un long chemin à parcourir. Le patron des patrons ajoute également que de nombreuses start-ups prometteuses échouent au cours de leurs premières années d'existence. Selon lui, il est nécessaire de prendre des mesures audacieuses pour soutenir la croissance continue de l'Afrique en tant que puissance technologique.
Appel à l'action
« Des actions concertées et des mesures audacieuses doivent être prises d'urgence par l'ensemble des acteurs publics et privés », insiste Chakib Alj qui pointe du doigt le problème de financement. « Le financement est essentiel à la survie des start-ups, voire de toute entreprise. Il est urgent de combler le déficit de financement en créant et en promouvant davantage de dispositifs de financement innovants, ainsi qu'en mobilisant les capitaux publics et privés en faveur de l'innovation », préconise-t-il.
Une main d’œuvre numérique
D’après Chakib Alj, les start-ups technologiques ne se contentent pas de créer des solutions innovantes, elles génèrent également des opportunités d'emploi pour la population du continent, qui doublera d'ici 2050. « 50 % de cette population aura moins de 25 ans, ce que certains voient comme un risque, mais que je choisis de considérer comme un atout considérable », ajoute-t-il en proposant d’encourager la formation d'une main-d'œuvre numérique et la création d'un environnement propice pour retenir les talents africains. « Au lieu de nous inquiéter seulement de la fuite des cerveaux, nous devrions travailler à offrir un environnement plus favorable aux ressources humaines de l'Afrique et un cadre propice pour qu'elles puissent libérer leur potentiel et réaliser leurs rêves », recommande le professionnel.
Faciliter l’accès aux marchés
Autre défi à relever : l'accès aux marchés. « Nous devrions tous encourager la consommation de l'innovation et créer une demande pour les solutions technologiques tant au niveau local qu'au niveau continental », préconise Alj. D’après lui, « un cadre commun harmonisé est essentiel pour faciliter l'accès aux marchés régionaux. La mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine a été présentée comme une opportunité majeure pour stimuler le commerce numérique en Afrique et permettre aux entreprises d'étendre leur portée, avec un potentiel pour augmenter la production économique totale de 29 billions de dollars d'ici 2050, favorisant ainsi la croissance économique.
Pour conclure, Chakib Alj a fortement préconisé l'établissement d'un réseau technologique panafricain visant à promouvoir la collaboration, les investissements et le partage de technologies entre les acteurs africains. Cette initiative permettrait d'exploiter pleinement le potentiel collectif des talents, des marchés et des ressources du continent. Il a souligné l'importance de ne pas laisser échapper l'occasion offerte par cet élan exceptionnel, affirmant que la croissance et l'avenir de l'Afrique en dépendaient.