Covid-19 : Le virus se rétracte
Serons-nous sur la bonne voie pour retrouver une vie normale bientôt ?

Une bonne nouvelle en ce début de semaine : Le taux de reproduction du SARS-COV-2  au Maroc, à la date du 16 mai 2021, a été de 0,63 (+/- 0,02) : Son niveau le plus bas depuis le déclenchement de la pandémie au Maroc.

Annoncée dimanche par Dr Mouad Mrabet, coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé, la bonne nouvelle a été reçue avec satisfaction et soulagement par les observateurs. Optimiste, Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohamed VI de Marrakech, n’a pas caché son soulagement par rapport à cette importante évolution de la situation épidémique au Maroc. « Aujourd’hui nous en sommes à un taux de reproduction de 0,63 alors que le plus bas niveau a été enregistré il y a presque un an, en mai 2020 avec 0,65. C’est un bon signe et une belle note d’espoir pour le Maroc en termes sanitaires, sociaux et économiques », se réjouit Ghassane El Adib.

Rester sur ses gardes

Réaliste, le scientifique modère tout de même ! Il note l’importance de garder les pieds sur terre et de ne pas céder à la tentation de trop se réjouir et se fier à ses résultats positifs. « Il va falloir consolider ces précieux acquis en respectant ces trois conditions : - Garantir le diagnostic et le traitement précoce de la maladie car le virus est toujours là et il y restera encore pour longtemps. Aussi, rester humble et ne pas attraper la grosse tête comme certains pays ayant commis l’erreur de lever les restrictions d’une manière brusque », indique le professeur qui conseille d’alléger les mesures restrictives de manière progressive « afin de garder le contrôle », alerte-t-il.

Selon ce dernier, il faut profiter de ce moment de répit du virus, pour accélérer l’opération de vaccination ; surtout après son élargissement pour inclure les 45 ans et plus et les patients atteints de maladies chroniques. « Si on arrive à vacciner ces catégories en cette période propice, nous pourrons en finir avec les décès liés au Covid-19. Nous soulageront ainsi le système de santé national tout en lui permettant de s’occuper des autres cas », argumente El Adib qui a déjà appelé les citoyens à se vacciner en masse sur sa page officielle.

Vaccinons-nous !

Citant le cas des Seychelles et sa réussite dans la lutte anti-covid-19 grâce à sa campagne de vaccination, le professeur anesthésiste tire de cette expérience quelques leçons pouvant servir au Maroc. « La grande leçon à tirer reste d’éviter tout arrogance et de ne pas baisser la garde. Les Seychelles, encouragées par leur exploit contre la pandémie ont annulé les restrictions et ouvert les frontières sans grandes précautions. Mais leur campagne de vaccination à plus de 60 % a pu les sauver d’une catastrophe sans pareil », explique le scientifique.

S’ouvrir au monde progressivement mais pas avant de se protéger en se vaccinant en masse, c’est la même idée soutenue et partagée par Pr Azeddine Ibrahim, directeur du laboratoire de biotechnologie de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, dans un post sur sa page officielle facebook. « Va-t-on rester fermé pour toujours ? C’est la grande question que beaucoup d’entre nous se posent actuellement. Mais avant de tenter d’y répondre, nous devons reconnaitre que nous avons échoué à convaincre les citoyens de respecter les mesures de prévention personnelles. Beaucoup de gens ne portent plus de masque ni respectent la distanciation sociale... Nous devons composer avec cette réalité dans toute approche élaborée pour lutter contre la pandémie », regrette Ibrahimi.

Liberté de déplacement

Miroitant l’espoir d’un allègement imminent des mesures restrictives, le chercheur évoque déjà les modalités et les mesures à adopter pour ouvrir les frontières et pour autoriser les déplacements à l’intérieur du pays. « Mais avant de passer à cette étape, il faut se vacciner surtout pour les catégories à risque. Ne vous suicidez pas en écoutant les mauvaises langues et choisissez la vie en vous vaccinant ! C’est le seul moyens d’accéder à une certaine liberté de déplacement et de voyage », ajoute le scientifique.

D’après Ibrahimi, le Maroc pourrait, à l’instar de beaucoup de pays, autoriser les déplacements en adoptant le système des certificats de vaccination, les tests de 48h ou le certificat médical attestant d’avoir déjà contracté le virus et guéri. Des mesures et des contrôles, qui selon le professeur, pourront aider le Maroc à ouvrir ses frontières d’ici le début de l’été, devant ses MRE et ses touristes déjà vaccinés. « Nous ne pourrons pas restés fermés à jamais. Mais procédons d’une manière raisonnable, progressive et surtout solidaire pour en sortir tous indemnes », conclut Ibrahimi.