Cannabis : Un élève sur deux en consomme au Maroc 
Largement répandu parmi les jeunes, l'usage du cannabis devient vite une addiction

Les données du rapport de Chakib Benmoussa concernant la consommation du cannabis sont alarmantes. Plus de 700.000 adultes sont en addiction tandis qu’un élève sur dix en secondaire, y touche régulièrement.



Alors que le Maroc s’apprête à légaliser la culture du cannabis à des fins médicales et thérapeutiques, le rapport présenté mardi dernier au Souverain par Chakib Benmoussa nous rapproche de la situation côté consommation et usage. Le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) nous apprend ainsi que 4 à 5% des Marocains adultes en consomment régulièrement, soit 700.000 consommateurs.

Phénomène générationnel

L’addiction au cannabis est largement répandue parmi les jeunes. Selon le rapport de la CSMD, un élève sur dix dans l’enseignement secondaire, en consomme. Un phénomène plutôt générationnel. Les chiffres démontrent en effet une forte prévalence chez les jeunes qui, d’après ces mêmes données, commencent l’usage du cannabis assez tôt.

Des taux de consommation importants parmi jeunes et adultes malgré la sévérité des peines liées à l’usage du cannabis. Les lois relatives à la possession et à la consommation de cette drogue sont très strictes : Des peines de prison et des amendes. Ainsi un fumeur de joints, risque de 2 mois à un 1 an de prison. Si en plus de la consommation, l’accusé est poursuivi pour commercialisation et trafic de stupéfiants, cette peine peut aller jusqu’à 10 ans.

Des peines qui, malgré leur sévérité, ne dissuadent nullement les usagers. Mais, qui tout au contraire, accentue davantage leur exclusion sociale et participe activement à la surpopulation carcérale dans les pénitenciers. Rien qu’en 2016, 70.000 prisonniers étaient poursuivis pour affaires liées au cannabis; soit 12% des personnes jugées par les tribunaux marocains.

Usage récréatif ?

L’une des principales réclamations de la Coordination des zones d’origine du cannabis, l’usage récréatif du cannabis constitue un point crucial dans la légalisation de cette matière, comme le soutiennent ses membres. « Comme c’est le cas dans les pays ayant légalisé le cannabis, son usage récréatif devrait être autorisé », expliquait Mohammed Kharchiche, membre de la Coordination. Défendant l’usage récréatif prohibé également par la nouvelle loi, ce dernier veut couper le chemin aux trafiquants de drogues, comme il le soutient. « Il faut le légaliser également pour éviter que ce marché noir ne tombe entres les mains des gangs et des barons de le drogue», argumente-t-on auprès de la coordination fraichement créée.

Avec la loi 13-21, une nouvelle filière s’ajoutera aux 19 filières agricoles existantes. Élaboré par le ministère de l’Intérieur, ce texte légalise enfin la culture du cannabis à des fins médicales et thérapeutiques. Le chapitre n°7 prévoit la création de l’Agence nationale pour la légalisation des activités afférentes à cette culture. Cette dernière se chargera de la mise en œuvre de la stratégie de l’État en termes de culture du cannabis en plus de son circuit de production, de fabrication, de transformation, de commercialisation et d’acheminement ainsi que de son export et import à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles.