Covid-19. Bientôt la fin de l'état d'urgence
Le couvre-feu nocturne augmente la pression psychologique de la pandémie

On commence à parler de plus en plus de la fin de l'état d'urgence. Certains disent que ce sera fini dans un mois. Des spécialistes expliquent que de toute façon on va devoir vivre avec le virus, comme la grippe. Il est temps, partout des citoyens contestent les fermetures et les restrictions.



« Il n’y aura pas de monde avec Zéro Covid ! Tous les pays qui se sont lancés dans cette direction, se sont vite rétractés !" souligne Pr Azzeddine Ibrahimi, membre du Comité scientifique. L'expert explique: " Puisque le citoyen marocain, malgré toutes les campagnes de sensibilisation, n’arrive toujours pas à respecter la distanciation sociale et le port obligatoire du masque ; et tout en admettant que le changement des mentalités et des comportements opérera assez lentement, il faut à mon avis baser notre stratégie de lutte sur l’idée que le virus est là et qu’il y restera ! Nous devons donc cohabiter et coexister avec lui comme c’était le cas avec la grippe ». Un autre membre du comité scientifique et technique, Saïd Afif appelle le prochain gouvernement à prendre les mesures nécessaires afin d’assouplir les restrictions.

Il faut oser

Pr. Ibrahimi s’est exprimé ouvertement dimanche dernier sur sa page officielle pour dire le ras-le-bol des citoyens vis-à-vis d'une situation qui n’a que trop duré. « Il est temps d’oser scientifiquement et pratiquement alléger les restrictions. Comme tous les Marocains je ne comprends pas pourquoi on tarde à lever ou à assouplir les mesures restrictives dans de nombreux secteurs. Sincèrement, cette attitude affecte profondément notre crédibilité et celle de notre approche scientifique », ajoute Pr. Ibrahimi.

Le membre du comité scientifique réclame un retour progressif à la normale. Mosquées, salles de sport, bains maures, stades, salles de fêtes, tourisme, clubs et cinémas ... pour le scientifique, il est temps de les ouvrir et de les laisser reprendre vie. « Ouvrir certes mais tout en respectant le nombre de personnes à accueillir. On ne veut pas reproduire le modèle des cafés, des restaurants et autres bus bondés. Restons raisonnables ! » conseille-t-il.

Bons signaux

Satisfait de l’avancement de la campagne de vaccination dans le Royaume, Ibrahimi se réjouit des taux importants enregistrés chez les 12 à 17 ans ( 60%) mais aussi chez les adultes. Il trouve d’ailleurs dans ces chiffres, un signe et une volonté populaire de retrouver une vie normale. « Spécialement pour les secteurs gravement touchés par la crise. Permettons-leur de survivre dignement ! Nous savons tous que la santé et l’économie sont les deux facettes d’une même pièce : La dignité humaine », appelle le spécialiste qui signale l’importance d’alléger le couvre-feu nocturne pour réduire la pression psychique sur le citoyen et lui permettre de souffler après de longs mois de restriction.

Justice territoriale

« Je suis fier de notre système de santé et de la manière dont il a pu affronter les différentes vagues de la pandémie. Et toute sortie de la crise doit se baser sur notre capacité à tenir le coup. Ceci dit, cette expérience nous a révélé un sacré décalage entre les services de santé des différentes régions, Beni Mellal et Al Hoceima par exemple. Il faut y remédier », analyse le scientifique en pointant du doigt la problématique de la justice territoriale en termes sanitaires.

Autre point crucial relevé: le renforcement de la vaccination des personnes âgées et touchées par des maladies chroniques. « Il faut absolument vacciner les personnes qui se sont désistées. Ils représentent un grand danger pour la stabilité du système sanitaire. Si 500.000 de ces personnes sont touchées par le virus, elles peuvent mettre à mal tous les efforts déployés pour sortir de cette crise », avertit A.Ibrahimi. Selon lui, imposer le pass vaccinal pour accéder aux lieux publics serait un bon moyen de motiver les plus récalcitrants à se vacciner, comme c’est le cas en France.

Sur un ton ironique, le scientifique revient sur la question du pass vaccinal et sa validité chez le voisin français. « Je n’arrive pas à comprendre comment le vaccin Sinopharm change d’efficacité selon la nationalité et le lieu de résidence du vacciné. « Chère France un peu de retenue et de bon sens SVP ! » conclut-il, en appelant à renforcer la mobilisation pour la vaccination. « Seul moyen de prétendre enfin à un semblant de vie normale en attendant des jours meilleurs ».