Le chômage baisse mais pas chez les diplômés
Le HCP évoqué une hausse du chômage dans la catégorie des jeunes diplômés.

Le taux de chômage a baissé certes lors du premier trimestre de l’année, mais le nombre des jeunes diplômés chômeurs a augmenté. Analyse.



Le taux de chômage est passé de 12,5% à 12,1% au niveau national, de 17,1% à 16,3% en milieu urbain et de 5,3% à 5,1% en milieu rural, selon la dernière note d’information du HCP relative à la situation du marché de travail au premier trimestre 2022. Pour l’économiste Rachid Sari, cette baisse est due à la reprise mais n’est pas un vrai exploit. «Avant Covid-19, le taux de chômage variait entre 9 et 10%. Aujourd’hui, il atteint plus de 12%. Il s’est replié certes par rapport à la même période de l’année dernière, mais reste très important, ce qui n’est guère bon signe », analyse l’économiste. «Le défi serait alors de revenir au même niveau d’avant la crise », insiste t-il.

Les chiffres communiqués par le HCP montrent ainsi qu’entre le premier trimestre de 2021 et celui de 2022, l’économie nationale a perdu 58.000 postes d’emploi résultat d’une création de 90.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 148.000 en milieu rural, après une perte de 202.000 postes une année auparavant. Ces emplois perdus résultent du solde d’une création de 40.000 emplois rémunérés et d’une perte de 98.000 emplois non rémunérés. Le secteur des "services" a créé 85.000 emplois, celui des " BTP" 29.000 et de l’"industrie" 13.000, alors que l’"agriculture, forêt et pêche" a perdu 183.000 emplois. Avec une baisse de 68.000 chômeurs, dont 52.000 en milieu urbain et de 16.000 en milieu rural, le volume du chômage a atteint 1.466.000 personnes au niveau national.

Cinq régions abritent 72,3% de l’ensemble des actifs âgés de 15 ans et plus. La région de Casablanca-Settat vient en première position avec 22,2% d’actifs, suivie de Rabat-Salé-Kenitra (13,4%), de Marrakech-Safi (13,0%), de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12,1%) et de Fès-Meknès (11,6%).

Toutefois, un indicateur demeure inquiétant : la hausse du chômage dans la catégorie des jeunes diplômés. Le HCP estime en effet, que le taux de chômage s’est accentué parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans de 32,5% à 33,4%, alors qu’il a baissé pour les autres catégories de la population. Dans le détail, les diplômés de niveau supérieur ont enregistre une hausse du taux passant de 26,2% à 26,7% (0,5 point). La plus forte hausse a été enregistré parmi les techniciens spécialisés et supérieurs (+3,2 points avec un taux de 35%), suivis des titulaires de diplômes supérieurs délivrés par les facultés (+1,2 point avec un taux de 28,6%) et des diplômes supérieurs délivrés par les écoles et les instituts (+0,8 point avec un taux de 9%).

Selon Sari, cette hausse de chômage dans la catégorie des jeunes diplômés peut s’expliquer par plusieurs raisons. D’abord, «cela prouve que l’offre au niveau de l’enseignement n’est orientée vers la demande exprimée par l’entreprise. Et les formations proposées ne sont pas adéquates aux besoins du marché du travail », souligne Sari. Il ajoute aussi que les jeunes diplômés, après la crise sanitaire et les difficultés vécues par les employés du secteur privé, optent plutôt pour le secteur public à la recherche d’une stabilité professionnelle ». Autre raison évoquée : « le secteur privé n’offre pas d’opportunités réelles pour les jeunes diplômés, puisque la majorité des entreprises exigent un niveau d’expérience et d’expertise que ces jeunes ne disposent pas », complète le même expert.