Droits des femmes. Pourquoi pas un congé menstruel ?
Des troubles qui peuvent affecter la vie sociale et professionnelle des femmes touchées

Les femmes marocaines peuvent-elles jouir d’un congé spécial pendant leurs menstruations ? Une proposition dans ce sens a été faite au parlement…

Le point de départ

Le groupe de la Justice sociale au sein de la Chambre des conseillers vient de proposer un projet de loi afin d’instaurer un congé menstruel pour les femmes actives. Ne dépassant pas deux jours par mois, ce congé devrait servir à soulager les femmes souffrant de menstruations douloureuses.

Faciliter la vie des femmes

« L’état de santé des femmes travailleuses durant leurs règles représente un véritable défi pour bon nombre d’entre elles. Les difficultés rencontrées durant cette période constituent un obstacle à l’égalité professionnelle », argumente le groupe parlementaire derrière cette proposition inédite au Maroc.

En termes pratiques, cette loi devrait faciliter la vie des femmes souffrant du syndrome des dysménorrhées communément appelées règles douloureuses en leur permettant, en accord avec leur hiérarchie, de s’absenter du travail durant deux jours, sans être obligées de déposer à chaque fois un certificat médical justificatif.

Ça s’est passé ailleurs

Une initiative assez courageuse qui rappelle en effet celle déjà lancée en Espagne il y a un mois. Vendredi 13 mai, la ministre de l'Égalité, Irene Montero annonce dans un tweet : « Nous allons reconnaître dans la loi le droit des femmes qui ont des règles douloureuses à un arrêt de travail spécial qui sera financé par l'État dès le premier jour ». Une première en Europe, l’initiative de Montero n’a pas manqué de provoquer un grand débat au sein même de l'exécutif espagnol et des syndicats.

Y’a-t-il une chance?

Au Maroc, les chances de voir cette loi adoptée restent minimes selon les observateurs. Certains activistes féministes estiment même que ça reste loin d’être une priorité actuelle. « Les femmes marocaines ont d’autres combats plus vitaux à mener pour le moment. Elles ont plus besoin de lois les protégeant de tous types de violence qu’elle soit physique, psychique ou économique », commente Bouchra Abdou, directrice de l’association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté, en réaction à ce projet de loi.

D’autres voix mettent en garde contre l’effet contraire qu’une telle loi peut induire en stigmatisant davantage les femmes et en renforçant les préjugés quant à leur productivité. En France, où cette loi est encore en gestation, les socialistes estiment que son coût élevé peut pousser les recruteurs à privilégier les salariés masculins en sabotant l’égalité des chances.

Connaître le mal

Appelées dysménorrhées dans le langage médical, les règles douloureuses peuvent être primaires et apparaitre dès l'adolescence. Dans ce cas, elles sont en générale sans gravité. Comme elles peuvent être secondaires et apparaitre plus tardivement, au bout de plusieurs cycles normaux.

Elles surviennent en général avant le début des règles, en même temps que les règles avec des pics aux deuxième et troisième jours du cycle ou quelques heures ou jours après. Environ 85% des jeunes femmes, entre 16 et 20 ans, en souffrent contre 25% pour l'ensemble de la population féminine en âge de procréer. Il s'agit en effet de « la plainte gynécologique » la plus fréquente chez les femmes.

Douleurs pelviennes, au niveau du bas du ventre, d'un seul ou des deux côtés, tiraillements, spasmes, crampes, coups de poing ou encore sensation de pesanteur... sont autant de symptômes. Ces douleurs peuvent aussi s'accompagner de troubles digestifs, de nausées, de vomissements ou encore de maux de tête. Les anémies ferriprives sont également assez fréquentes. Autant de troubles qui affectent la vie sociale et professionnelle des femmes touchées sans oublier l’absentéisme à l'école ou au travail.