Il est bon ce gouvernement? La réponse maladroite d’un député à un sondage
Mécontents ou pas, les Marocains n'ont pas les réponses qu'ils attendent

Les résultats d'un sondage ont été publiés et le chef du groupe parlementaire RNI à la première Chambre du Parlement a riposté. Qu’importe qui a réalisé ce sondage et qu’importe la méthode utilisée. Ce qui est intéressant dans l’affaire c’est la riposte. Et ce n’est pas rassurant.

Que dit d’abord ce sondage? Que les Marocains ne sont pas satisfaits de ce gouvernement mené par le RNI; que 95% des sondés désapprouvent l’action gouvernementale dans le dossier de l’augmentation des prix en général et du carburant en particulier; que 93% d’entre eux ne sont pas satisfaits des mesures de protection de la classe moyenne.

Voilà pour les résultats. Quant à la riposte du député RNI, c’est une autre affaire. Il rejette bien sûr ces résultats qui n’ont aucune crédibilité pour lui et, au lieu de les discuter, il appelle le gouvernement à réglementer les sondages. Et bien sûr si le gouvernement ne peut pas proposer un projet de loi, la majorité gouvernementale (RNI, PAM, PI) est prête à se lancer dans une proposition de loi, promet-il.

Soit.

Sans entrer dans les détails du sondage, les Marocains sont effectivement mécontents et ils ont exprimé leur désapprobation par différents moyens. C’est un fait. Et on se demande même qui sont ces 5% qui sont satisfaits du travail du gouvernement. Certainement ceux qui ne sont pas affectés par les augmentations des prix. C’est logique.

Néanmoins, répondre à un sondage par un appel à légiférer pour restreindre la pratique est pour le moins abusif. D’ailleurs, soit dit en passant, un député n’appelle pas le gouvernent à légiférer, il a le pouvoir de le faire, sans demander la permission à personne. C’est ça le rôle du Parlement.

Le député a donc le droit de contester le sondage. Mais alors, veut-il dire que les Marocains sont satisfaits? Si tel est le cas, pourquoi ne pas effectuer un contre-sondage au lieu de menacer les sondeurs? Au moins, ce serait une réponse de même nature et que chacun se batte pour ses résultats avec la communication adéquate.

Cependant, je ne conseillerais pas ce contre-sondage tout de suite. L’affaire du ministre de la Justice a encore braqué les Marocains contre ce gouvernement. Il faudrait peut-être attendre de voir comment le chef du gouvernement traitera ce cas terrible pour la démocratie. Va-t-il préférer son alliance et la défendre, ou va-t-il se ranger du côté du peuple qui demande la tête du ministre? Ou alors va-t-il laisser couler pour voir ce que cela donnerait. En tout cas, pour le moment, il a l’air de laisser le ministre se dépatouiller tout seul. Si ce dernier s’en sort, et vraiment on ne voit pas comment, il pourra alors sortir et commenter. Si le ministre s’enfonce, et il parait que c’est ce qui se passe quand on suit ses interviews, il y aura des options: soit demander au ministre de la Justice qui est le patron du parti allié d’aller se faire oublier quelque part, soit faire en sorte que le parti réagisse et change son chef et ainsi sauver la coalition.

Personne ne veut le dire, mais nous sommes bel et bien dans une crise et il faut qu’on trouve une solution. Et le plus vite serait le mieux. Mais apparemment, les protagonistes préfèrent régler les choses entre eux, entre quatre murs. D’ailleurs, la preuve, aucun parti politique n’a mis les pieds dans les sables mouvants du ministère de la Justice.

C’est comme pour le glissement de terrain. On se met à l’abri en attendant que les choses se calment.