Les jeunes sont partout sauf en politique
Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid.

L’affaire Ouahbi n’ira pas très loin, c’est à craindre. En fait, le ministre de la Justice, enlisé dans le scandale de l’examen QCM des avocats, vient de recevoir un soutien opportun de ses amis de la majorité parlementaire. La politique fonctionne toujours à l’ancienne. Et si les jeunes avaient droit à la parole ?

Les trois partis le Rassemblement national des Indépendants, le Parti Authenticité et modernité et le Parti de l’Istiqlal se sont réunis pour affirmer que la solidarité gouvernementale ne vacillera pas, ne tremblera pas, que rien ne pourra l’affecter et qu’elle ne doit se laisser noyer par « les ennemis de la réussite.

Halte là ! La réussite ? Mais de quelle réussite s’agit-il au juste ?

Quand on observe nos partis politiques, on est en droit de se poser cette question et on ne va surtout pas se priver.

Cette camaraderie entre les trois partis de la majorité n’est-elle pas choquante alors que le ministre de la Justice a creusé encore plus profondément les tranchées qui séparent les riches et les pauvres ? Ne l’est-elle pas au moment où les citoyens se posent des questions sur la sincérité des concours et des examens ?

On a l’impression que le monde politique n’a pas du tout changé. C’est sans doute une question de génération. Le Maroc d’aujourd’hui est mené par les jeunes. Les entrepreneurs sont jeunes, les sportifs (le Mondial hein!) sont jeunes, les artistes, les soldats... Un pays de jeunes qu’on ne retrouve plus une fois qu’on est dans l’ambiance feutrée de la politique.

Pourquoi les jeunes n’y sont pas accueillis avec bienveillance et pourquoi est-il toujours inimaginable de voir un jeune diriger un parti ou même le gouvernement ? Impossible dans les eaux stagnantes de notre politique où il n’y a toujours qu’un seul candidat au poste de secrétaire général et où le chef qui prétend défendre la démocratie ne l’applique même pas au sein de son parti.

Le grand timonier n'est pas mort

Je me souviens de la création du PAM. Quel changement! Le parti était venu pour remuer ces eaux stagnantes et il a bien réussi au début avec ses membres venus des horizons les plus divers. On sentait que cela allait bouger. Des années plus tard, le PAM est entré dans le moule de la vielle politique. Et c’est justement parce qu’il a coupé les liens avec la composante la plus dynamique de la société, la jeunesse. Je ne dis pas non plus qu’il n’y a pas de jeunes dans les partis. Il y en a mais ils ne sont pas vus comme de véritables dirigeants. Ils peuvent être ministres mais diriger le parti, jamais.

Quand je vois ce que fait un ministre jeune dans les secteurs de la culture et de la communication, je me dis qu’enfin on tient le bout du fil. Oui, c’est de Mohamed Mehdi Besaid qu’il s’agit. Tout jeune qu’il est, il paraît indépendant et très connecté à la galaxie jeune. S’il était un chef de parti, il saurait certainement intéresser les jeunes qui ne participent pas à la politique de leur pays parce qu’ils savent que les anciens ne les laisseront jamais espérer aller très loin.

Or qu’est ce que la politique sinon la sphère où les talents peuvent s’exprimer et innover? L’ancien mode de gestion de la politique ne permet ni l’expression ni l’innovation. Il faut faire comme cela se fait. C’est le domaine où on emploie le plus l’expression « on ne vas pas inventer l’eau chaude ». Oui, mais on peut la chauffer de différentes manières.

Il faut néanmoins préciser que la jeunesse n’est pas uniquement une affaire d’âge. Il y a des jeunes en politique qui sont aussi anciens que les plus anciens. Selon eux, pour réussir, il ne faut surtout rien changer. Le grand timonier n’est pas mort.