La Présidente de l’AMDV accuse l’AFP de mauvaise foi
Aicha Guellaa n'en démorde pas et renouvelle ses accusations envers l'AFP

Aïcha Guellaa, la Présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV) est en colère. Elle accuse l’AFP de mauvaise foi et d’avoir dénaturé  ses propos…

Aicha Guellaa, la présidente de l’AMDV, reconfirme son indignation par rapport à la « mauvaise » exploitation de ses propos par l’Agence France presse (AFP), dans une dépêche publiée dimanche dernier. Après avoir fustigé, mercredi, la « dénaturation indécente » et « contraire à la déontologie et à l’éthique journalistiques » de sa déclaration auprès de la MAP, elle nous reconfirme aujourd’hui son mécontentement.

Les faits

« Un journaliste de l’AFP m’a contacté la semaine dernière pour avoir ma réaction par rapport à la conférence de presse organisée par l’Instance nationale de soutien aux détenus d’opinion (INASDO). Dans ma déclaration, j’ai réagi par rapport à la résolution du Parlement européen que j’estime loin de toute neutralité et dénuée de toute objectivité ; car omettant d’entendre l’autre partie qui sont les victimes », nous explique Guellaa au téléphone.

« Je me suis également exprimée par rapport à la conférence organisée par l’INASDO. Mon intervention durait plus de 10 minutes mais malheureusement le journaliste a choisi de mettre juste deux phrases qu’il a en plus placé juste après la position du parlement marocain », ajoute-t-elle. Un choix et un agencement de l’article qui, selon l’avocate, n’étaient nullement innocents. « Mon intervention a été liée avec beaucoup de mauvaise foi avec la position officielle des autorités et du parlement marocains », s’insurge Guellaa qui n’arrive pas à concevoir qu’un tel agencement est un simple choix éditorial.

Les accusations

Proclamant l’indépendance de l’AMDV, sa présidente est intransigeante la dessus. « Nous sommes une organisation non gouvernementale complètement indépendante. Notre position par rapport à la résolution du parlement européen n’a rien à avoir avec celle officielle. Elle est essentiellement dictée par notre profond engagement pour les droits des victimes d’abus sexuels. Le choix délibéré de la placer juste après celle du parlement est loin d’être innocent », insiste l’activiste.

Pour cette dernière, au-delà de l’emplacement et de l’abréviation de son intervention sur la dépêche, l’AFP a pêché en omettant de citer d’autres instances condamnant la résolution européenne. L’activiste serait-elle en train de s’immiscer dans le travail du journaliste ? Elle s’en défend : « Le journaliste n’a pas vraiment équilibré son article. Il s’est contenté de nous citer et citer le parlement marocain alors qu’il a présenté la position de nombreuses instances cautionnant la résolution du Parlement européen », argumente Aicha Guellaa. Mais où est le bémol ? D’après cette dernière, c’est le fait de noyer sa position dans le courant pro-résolution mais surtout la non représentativité des intervenants choisis. « Ils ne représentent pas l’opinion publique. L’article prétend ainsi que la société marocaine est d’accord avec cette résolution. Or c’est loin d’être le cas », ajoute la présidente de l’AMDV.

Les réactions

Revenant à la charge, Guellaa estime que la résolution du Parlement européen par rapport à la liberté d’expression est loin d’être une position pour les droits humains. « Car si c’était le cas, il fallait écouter les victimes de ces détenus. Si ces derniers sont des journalistes, ça ne change rien à ce qu’ils ont commis comme abus sexuels et crimes de droit commun », fustige Guellaa. « La loi est applicable à tout le monde et ces détenus ont eu droit à un jugement équitable. Nous étions présents durant toutes les audiences contrairement à certains organismes malintentionnés qui accusent aujourd’hui le Maroc de bafouer la liberté d’opinion et les droits de l’Homme », insiste la présidente de l’AMDV.

Par rapport à l’article de l’AFP, elle nous a affirmé qu’elle a contacté l’agence pour réclamer « réparation du préjudice », « Sauf qu’on s’est contenté de rajouter l’expression « ce que je ne crois pas » à mon intervention, sans véritable changement, en prétextant une contrainte de calibrage », nous explique-t-elle. « J’estime que les motivations de la résolution du parlement européen sont purement politiques. Par rapport à la dépêche, on se demande si c’est une décision du bureau de Rabat de l’AFP ou celle de la direction centrale à Paris ! », s’exclame-t-elle.