Pourquoi les légumes coûtent-ils si cher ? 
Les prix des légumes ont été multiplié par 3 voire même 4 cette semaine.

A la veille du mois de ramadan, les prix des légumes battent des records donnant lieu à une réelle inquiétude chez le consommateur marocain. Comment stopper l’hémorragie ?



Un kilo de tomates à 14 DH. Un kilo d’oignons à 17 DH. Un kilo de pommes de terre à 11 DH. Du jamais vu. Même les grossistes sont surpris face à la situation actuelle. «Ce que nous vivons actuellement est sans précédent. Nous n’avons jamais vu les prix des légumes atteindre de tels sommets », confie à l’Observateur du Maroc et d’Afrique, le secrétaire général de l'association du marché de gros des fruits et légumes, Abderrazak Echabbi. Comment expliquer alors cette hausse vertigineuse des prix ?

A la sécheresse, le coût du transport, la prolifération des intermédiaires, s’ajoute un autre facteur, selon Echabbi : une reprise exceptionnelle de l’export surtout vers l'Afrique à un moment où la demande locale double voire même triple. Résultats : «l’offre est rare. Et certains produits sont même introuvables comme c’est le cas du poivron qui coûte aujourd’hui 23 DH le kilo au niveau du marché de gros », déplore le grossiste.

Selon lui, la suspension de l’export au cours des derniers mois a permis d’équilibrer le marché. Et les prix ont même été revus à la baisse à l’instar de la tomate dont le kilo a atteint 3,5 DH la semaine dernière. «En 24 heures, le prix a dépassé les 10 DH. Très alarmant et incompréhensible », ajoute Echabbi estimant que le flux expédié vers l’Europe, l’Afrique ... a été multiplié par 3 cette semaine ce qui a impacté gravement d’abord les grossistes qui ne trouvent plus la marchandise, et ensuite le consommateur qui en paie le prix fort, surtout à la veille du mois de ramadan.

A Agadir par exemple, la marchandise est rare. « La grande partie est passe directement de la source (les fermes) vers les stations d’emballage pour être expédiée vers d’autres pays », note Echabbi.

L’économiste Mohamed Jadri rappelle que 78% de la production de l'agriculture est destinée au marché local, 4% est pour l'industrie agroalimentaire et seulement 18% est exportée à l'étranger, principalement en Europe. Le problème, d’après lui, ne réside pas dans les exportations à destination de l'Europe, puisque que cette dernière exige un certain nombre de critères et exigences en matière de qualité. En revanche, « les exportations destinées à l'Afrique concurrencent directement le marché local en l'absence de normes pour ce nouveau marché ». Jadri assure que l'interdiction du passage des fruits et légumes marocains par Guergarat aura un impact sur l'approvisionnement du marché local en quantité ce qui réduirait les prix dans les jours à venir....

Outre la suspension provisoire de l'export, Echabbi propose de revoir la loi de libéralisation des prix et de plafonner le prix pour certains produits de première nécessité comme la tomate, l'oignon, la pomme de terre...A long terme, la solution selon lui serait de revoir tout le système et de prévoir une réforme pour mettre à niveau tout le secteur.