Guerre des Ultras : Un supporter tué par un pétard
L'usage de pétard continue même si interdit

La guerre des ultras continue... Même en dehors des stades ! Une nouvelle victime vient de succomber à ses blessures suite à une attaque au pétard à Casablanca.



La police judiciaire de Moulay Rachid à Casablanca a arrêté dimanche un suspect âgé de 21 ans dans le cadre d’une enquête sur un meurtre au pétard. La victime a été attaquée en pleine rue par le suspect et deux autres complices en fuite actuellement.

Selon les premiers éléments de l’enquête policière, la cause de ce drame serait une querelle entre supporters Ultras des équipes emblématiques de la ville blanche. La victime et ses agresseurs n’étaient cependant pas à leur première bagarre. Faisant partie d’ultras adversaires, ils étaient en train de régler leurs comptes, au quartier populaire Moulay Rachid, lorsque le suspect a attaqué la victime à l’aide d’un pétard. Gravement amoché, ce dernier a été transporté en urgence à l’hôpital où il est décédé des suites de ses blessures.

Quelques heures après l’agression, les enquêteurs ont pu identifier ses auteurs et arrêter le principal suspect qui avait deux énormes armes blanches en sa possession. En garde à vue actuellement, ses complices sont toujours en cavale.

Fanatisme sportif

Un nouvel incident qui se rajoute à la longue liste de violences liées à la passion mal canalisée du football. Fans ou fanatiques ? De la passion au dévouement aveugle annulant le droit de l’autre à exister, il n’y a qu’un fil. En football comme en n’importe quelle discipline, l’excès de zèle est toujours source de dépravation. Lorsque la violence l’emporte sur l’esprit sportif, le sang coule et des vies sont fauchées.

Mais comment peut-on basculer aussi facilement de la passion footballistique au fanatisme sportif ? « La violence observée dans nos rues, nos établissements, nos stades de football, dans notre espace public en général pourrait être analysée comme une régression vers des modes d’expression archaïques et infantiles qui fragilisent la cohésion sociale », nous explique auparavant le sociologue Khalid Hanefioui.

Jeunes en crise

D’après ce dernier, ce phénomène pourrait être compris comme un signe et une conséquence de la crise de la société : Crise d’identité, crise culturelle, crise économique, crise de valeurs et crise du modèle politique. Une Crise multidimensionnelle qui semble affecter particulièrement les jeunes supporters du foot. En mal d’espace d’expression et de pistes pour canaliser une énergie débordante et souvent inexploitée, un bon nombre de supporters trouvent leur « bonheur » dans les stades.

« Le sens d’appartenance à un groupe aux mêmes référentiels, animé par la même passion et par les mêmes préoccupations... Le jeune focalise donc toute son énergie et sa passion sur son équipe fétiche et le groupe des supporters auquel il appartient. Pour lui, ils deviennent intouchables. Il fait tout pour les défendre », analyse le sociologue.

« Le football est devenu au Maroc un moyen d’expression de l’errance socio-économique des jeunes exclus de la société », analyse Abderrahim Bourkia, journaliste, sociologue et auteur du livre « Des ultras dans la ville ». Pour le chercheur, le « supporterisme » est devenu en fait un moyen d'expression, de protestation et surtout le cadre de construction d'identité. « Une manière d’exprimer un désir de paraître, d'exister et d’être reconnu au sein d'une société dont ils se sentent exclus », conclut le sociologue.