Le gouvernement et ses vilains petits canards
Majorité. Plus que la cohésion, la complicité

Le gouvernement a très largement communiqué sur sa cohésion, son homogénéité et l’amour qui règne entres ses composantes. Il a bien choisi le moment pour le faire, au milieu d’un mécontentement populaire suscité par l’augmentation des prix des produits alimentaires et énergétiques. Des indices montrent que si les choses restent comme elles sont, il y aura des surprises pour certains aux prochaines élections.

A suivre les réseaux sociaux, on comprend bien que la situation ne plait pas et ne peut en aucun cas être de bon augure pour l’équipe dirigeante lors des prochaines élections.

Et il n’y a pas que l’inflation qui énerve les Marocains.

Il y a aussi l’affaire du ministre de la Justice qui a été au centre du scandale du concours des avocats qui a vu réussir les enfants et les parents de hauts responsables et qui a généré une grande protestation de la part des candidats non reçus.

Elle n’est toujours pas résolue et les déclarations du ministre concernant les études de son fils au Canada (parce que son père est riche) n’ont pas été non plus sanctionnées par le chef du gouvernement qui laisse passer toutes ces incongruités sans se soucier de l’image du gouvernement.

Et comme si ce n’était pas suffisant, voilà que le Parlement lui aussi gratifie les Marocains d’une belle nouvelle. Le désormais président de la Commission de la Justice est un ancien ministre, ancien président de commune qui a été épinglé par la Cour des Comptes pour sa gestion frauduleuse. Il a été questionné à propos de marchés publics pas très propres. Mohamed Mobdii, du Mouvement populaire n’est pas inquiété le Moins du monde, il a même pu être élu à la première chambre.

Le problème ici n’est pas que ces deux responsables soient ou non coupables de faits criminels ou délictueux. Ce n’est absolument pas là la question. Ce qui est en jeu c’est la crédibilité des institutions, lorsqu’elles sont tenues par des personnes qui jouent avec la loi et s’autorisent tous les dépassements sans qu’elles soient appréhendées.

La Justice n’est pas aveugle finalement. Il y en a qui échappent à son marteau.

Dans l’esprit du Marocain c’est la confirmation du « tous des voleurs », qu’on balance à tort et à travers partout où on discute politique. Evidemment tous ne sont pas des voleurs, mais à qui le dit-on? L’idée est tellement ancrée dans les esprits que personne ne semble pouvoir y remédier. D’autant plus que les responsables ne répondent rien, le silence absolu. Comme s’ils étaient vraiment coupables et qu’ils trouvaient que la meilleure façon de s’en sortir c’est de se mettre la tête dans le sable et attendre que la tempête passe.

Pas sûr que lorsqu’ils sortiront la tête, ils trouveront la place comme ils l’avaient laissée auparavant. Ils sont en train de renforcer la future campagne des islamistes qui n’y sont pas pour rien dans les campagnes anti-gouvernement et anti-Akhannouch particulièrement. Il y a une revanche à prendre et il paraît que l’issue de la bagarre va être choquante pour les partis de la majorité. On peut s’attendre au pire.

En fait, le gouvernement a peut-être raison de faire la promotion de sa cohésion, parce que l’idée qui circule c’est qu’il y a plus que de la cohésion, il y a de la complicité. C’est la seule explication qui surgit quand on voit que le gouvernement et le Parlement protègent leurs vilains petits canards.