Dans Le Point. Comment Macron a torpillé la France

L'enfermement de l'économie française dans la stagflation témoigne de l'échec de la politique économique conduite par le président Emmanuel Macron, écrit l’hebdomadaire Le Point dans un éditorial mis en ligne sur son site interne

Face à la multiplication des crises, E. Macron a endetté l'État de plus de 700 milliards d'euros non pour reconstituer une offre compétitive, pour moderniser l'État et pour renforcer la résilience de la nation, mais pour distribuer du pouvoir d'achat fictif au nom du slogan ''quoi qu'il en coûte'', souligne Nicolas Baverez, haut fonctionnaire et avocat.

Des Gilets jaunes à la réforme des retraites en passant par la pandémie de Covid, le chef de l’Etat "a cherché à acheter la paix sociale en distribuant sans fin des chèques aux ménages”, et laissé se poursuivre, quand il ne l'a pas accéléré, le travail de sape des filières d'excellence française, de l'industrie nucléaire à l'agriculture en passant par la santé, l'automobile ou la construction, soutient-on.

Emmanuel Macron a enfermé les entreprises françaises, au nom d'une conception décroissante de l'écologie, dans un carcan réglementaire meurtrier pour l'activité et pour l'emploi, poursuit l’éditorialiste.

La croissance n'est pas une relique barbare de la société industrielle et ne peut plus être fondée sur la hausse de la dette publique, qui constitue aujourd'hui un frein à l'activité et non plus un moteur, un facteur de risque et non de stabilité, est-il précisé.

Sous l'éloge de la résilience de l’économie française, dont l'activité a progressé de 0,2 % au premier trimestre, de la célébration de son attractivité lors du sommet de Versailles autour des 13 milliards d'investissements étrangers, des records du CAC40 grâce aux géants du luxe, de la mise en scène du retour au plein-emploi pour 2027, "pointe l'entrée de la France dans la stagflation”, souligne l’éditorialiste.

Loin d'être protégée, l’économie française se trouve rattrapée par l'enchaînement des crises et freine brutalement avec une croissance qui plafonnera à 0,3 % en 2023, une inflation qui atteindra 5,5 % et un chômage qui repartira à la hausse pour toucher 8 % de la population active à la fin de l'année, notamment en raison des destructions d'emplois liées aux faillites – en hausse de 45 % au premier trimestre, alors que le déficit public et celui de la balance commerciale dépasseront 5 % du PIB, ajoute l’éditorialiste.

Ce ralentissement, explique-t-on, découle tout d'abord de la panne de tous les moteurs de l'activité avec la consommation des ménages, qui reculera de 1,3 % en raison de la baisse de 0,4 % du pouvoir d'achat et de l'effondrement de la confiance.

La situation est d'autant plus préoccupante que le trou d'air de l'économie française n'est pas temporaire mais durable, les chocs n’étant pas une exception, mais un régime permanent, estime l’éditorialiste, pour qui il est vain de tabler sur un retour vers la mondialisation et la société ouverte qui dominèrent les premières années du XXIe siècle.

Pour Nicolas Bavarez, la stagnation de l'activité renvoie aux maux structurels du système économique et social français, dont le ralentissement et le vieillissement démographiques ; le décrochage à long terme de la productivité en raison de l'affaiblissement du capital humain et de la recherche ; la désindustrialisation et le déclassement de l'offre française ; l'effondrement des services publics de l'éducation, de la santé, des transports, de la police et de la justice ; le surendettement public et privé ; la paupérisation de la population ; l'ensauvagement de la société ; l'impuissance de l'État et le dérèglement des institutions.