Espagne. L'arc-en-ciel chauffe la politique
Madrid premier juillet 2023. (Photo AFP)

Madrid, partout où l’on va, on ne peut manquer les banderoles multicolores de la communauté LGBTQ+, exhibés devant les commerces, les restaurants, les bars et sur le mur du Congrès du Peuple, le Parlement espagnol. De petits drapeaux trônent sur les petits fours du salon VIP de l’aéroport Madrid-Barajas. Un grand bras de fer est en train de se dérouler entre la droite et la gauche en perspectives des législatives anticipées.

Que se passe-t-il dans ce pays? En fait c’est le mois des fiertés et la communauté LGBTQ marque son territoire. Et il y a une raison à cela.

Le gouvernement de Pedro Sanchez a décidé d’organiser des élections législatives anticipées le 23 juillet. Or, deux camps s’affrontent sur le terrain des libertés individuelles. Le camp de la gauche, avec à sa tête le Parti socialiste du président du gouvernement, qui est très favorable au point de promulguer une loi autorisant le changement de sexe sans le passage par la case justice et sans l’aval des parents, dès l’âge de 16 ans. En matière de libertés, la gauche a fait le maximum. 

Mais il y a l’autre camp, celui de la droite conservatrice, représentée par le Parti Populaire et VOX, plus à droite encore. Or, les sondages sont favorables à la droite, et les Espagnols s’attendent à un gouvernement d’alliance PP-VOX. 

Le président du PP avait promis d’abroger la loi sur l'autodétermination de genre de son rival de gauche, dès son accession au pouvoir. Cette loi « est une attaque contre les mineurs, contre l'autorité parentale, contre le bon sens » a déclaré début juin, le président du PP Alberto Núñez Feijóo, cité par l’AFP. Selon lui, il « est beaucoup plus facile de changer légalement de sexe que d'obtenir le bac ou le permis de conduire ». 

Vox a, de son côté, déployé quelques jours avant la marche des Fiertés du 1er juillet, à Madrid, une immense banderole invitant à jeter le drapeau arc-en-ciel à la poubelle. 

La perspective d’un gouvernement de droite et d’extrême droite, ne rassure pas les LGBTQ . Elle les inquiète aux plus haut point. Chez certains membres, c’est la course contre la montre pour changer de sexe avant l’arrivée de la nouvelle loi. Certains envisagent de quitter l’Espagne définitivement et de s’installer dans un pays plus compréhensif. 

D’autant plus qu’on a constaté une augmentation des actes de violence contre les LGBTQ ces dernières années. Plus de 65,7% entre 2020 et 2022, selon le ministère de l’Intérieur. 

Pour la présidente de la Fédération nationale LGBT (FELGTBI ), Uge Sangil, citée par l’AFP, cette hausse est la conséquence de « l'augmentation des discours haineux » contre la communauté LGBT « depuis que l'extrême droite est entrée dans les institutions », notamment au Parlement où la formation d'extrême droite ultraconservatrice Vox est la troisième force politique depuis 2019. L’Espagne qui a légalisé le mariage homosexuel il y a 20 ans déjà, 

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