Les jeunes marocains préfèrent l'anglais
C'est confirmé, les jeunes marocains sont plus à l'aise avec l'anglais

Colère et protestations de spectateurs dans une salle de cinéma à Casablanca à cause du doublage en français d'un film américain. Les Marocains n'aimeraient-plus la langue de Molière et en pinceraient plutôt pour celle de Shakespeare.

Serait-ce la fin de la lune de miel avec la langue française ? Après les multiples campagnes anti-francophonie qui sont lancées régulièrement sur les réseaux sociaux, le point culminant de cette "aversion" a eu lieu le week end derrnier.

Do you speak english ?

Dans l'une des rares salles de cinéma toujours opérationnelles à Casablanca, le public a laissé éclater sa colère lors de deux séances. Venus en masse pour voir les blockbusters américains " Barbie " et " Oppenheimer ", les spectateurs ont ouvertement exprimé leur mécontentement en pleine projection. A quelques minutes du début de la séance, des sifflements stridents et des voix s'élevaient parmi l'assistance en réclamant la version audio originale.

N'appréciant guère le doublage en français, le public protestait contre une traduction nullement appréciée. Les vidéos relatant cette "révolution" sont d'ailleurs révélatrices. Au delà du choix "artistique" appréciant plutôt la VO, la réaction des spectateurs casablancais en grogne reste assez surprenante et évocatrice.

Me too

Une " aversion " de plus en plus prononcée pour la langue de Molière qui s'exprimera davantage, quelques heures après cet incident, sur les réseaux sociaux. Commentant ce qui s'est passé dans cette salle de cinéma casablancaise, les internautes l'ont pour la plupart cautionné. " La majorité des jeunes marocains maitrisent l'Anglais beaucoup plus que le français. Il faut donc arrêter ce type de doublage car il gâche toute la beauté des dialogues d'origine. Un sous-titrage en arabe suffira ", note Imane sur Twitter.

Même constat du côté de Marouane, dans un post sur facebook. " Je n'ai jamais compris comment les gens apprécient un film doublé !!! Ils ratent l'essentiel de l'émotion et du jeu des acteurs. Le doublage est un crime contre le film et le cinéma en général ", justifie le facebooker. Remontant au créneau, les internautes n'ont pas manqué l'occasion pour affirmer que le français " est désormais dépassé".

" Depuis le siècle dernier, les gens n'apprécient plus le doublage en français qui dénature les oeuvres cinématographiques et apprécient de loin le dialogue d'origine en anglais. Sinon un sous-titrage en arabe fait l'affaire. Les films français, eux mêmes doivent être traduis en anglais et pas le contraire "; soutient Massin sur Twitter.

Cut the cord !

" Il est temps de rompre ce cordon trop incommodant avec la langue du colonisateur. Rien ne nous oblige à apprécier des films américains ou autres doublés en français. C'est une véritable aberration ! ", tranche Benlakhder en réaction à cette vidéo. Un rejet massif du doublage en français qui en cache une certaine aversion pour la langue de Molière en générale. " On en a marre de la langue des "keleminis" ( NDLR : les snobs). L'heure est à l'Anglais ! C'est le seul qui permet de communiquer avec le monde ", proclame Nour. R, dans un post facebook.

Un simple avis isolé ? Les différentes campagnes lancées de temps à autre sur les réseaux sociaux prouvent le contraire. " Non au Français oui à l'Anglais ", " Non à la langue du colonisateur " , " Mettez fin à l'hégémonie francophone " ... tant de hashtags qui circulent régulièrement sur les réseaux sociaux et qui en disent long sur ce désamour. Un mouvement anti-francophonie et pro-anglosaxon qui dévoile la rupture avec la langue de l'élite et l'engouement pour une langue populaire et franchement démocratisée.

Sondage

Une tendance confirmée par ailleurs par les résultats d'un sondage publié par le British Council en 2021. Selon ce dernier, 40 % des jeunes considèrent l’anglais comme la langue la plus importante à apprendre contre 10 % seulement pour le français. Deux tiers pensent que l’anglais supplantera le français comme première langue étrangère dans les prochaines années.