Marseille. Fusillade meurtrière sur le parking d'un fast-food

Une femme et un homme ont été tués et trois personnes blessées par des tirs sur leur véhicule ce week-end à Marseille, une nouvelle fusillade dans une ville où la guerre pour le trafic de drogue a fait près d'une cinquantaine de morts cette année.

Une enquête pour assassinats et tentatives d'assassinat en bande organisée ainsi que pour association de malfaiteurs a été ouverte par le parquet de la deuxième ville de France.

"Les cinq personnes étaient dans leur voiture, sur le parking du McDonald's quand un véhicule est arrivé à leur hauteur et les a rafalés au kalachnikov, le conducteur et la passagère à l'avant sont décédés", et les trois passagers à l'arrière, deux hommes et une femme, ont été blessés dont deux sérieusement, a indiqué à l'AFP le procureur de Marseille Nicolas Bessone.

Les trois hommes, dont le conducteur de 22 ans, étaient connus "défavorablement de la justice pour trafic de stupéfiants et violences dans la région toulonnaise", a-t-il ajouté. Les deux femmes, dont la passagère de 25 ans, n'ont pour leur part aucun antécédent judiciaire.

La police judiciaire a été saisie de ces faits, qui se sont produits peu avant 23h samedi dans le 16e arrondissement de la deuxième ville de France, l'un des plus paupérisés.

Parmi les blessés, le pronostic vital d'un homme de 29 ans qui a reçu des impacts de balles au thorax est engagé. Une femme a eu le pouce arraché et le troisième, un homme de 19 ans, n'est que légèrement blessé.

Sur place, les enquêteurs ont retrouvé des douilles de calibre 7,62, utilisés notamment pour des armes comme les kalachnikovs.

Les auteurs sont en fuite mais un véhicule, qui pourrait "vraisemblablement" leur appartenir, a été retrouvé peu après incendié à proximité du lieu de la fusillade, a indiqué le procureur.

Ces deux nouveaux meurtres, dont le lien avec le trafic de drogue qui gangrène cette ville de 870.000 habitants mais aussi une grande partie de l'arc méditerranéen n'est pour l'heure pas formellement établi, interviennent deux semaines après le dernier homicide officiellement lié par les enquêteurs à la guerre entre gangs pour le contrôle des points de vente de stupéfiants à Marseille.

Le 29 octobre, un homme de 29 ans connu pour des faits de trafic de drogue avait été tué par balles dans le 15e arrondissement de Marseille dans ce qui pourrait s'apparenter à un règlement de comptes, avait indiqué le procureur M. Bessone.

Cité portuaire marquée par de fortes inégalités, Marseille est touchée depuis des dizaines d'années par les trafics de drogue. Mais le niveau de violence pour le contrôle des points de vente de stupéfiants est en hausse, comme dans d'autres villes de France.

Ainsi, depuis le début de l'année et sans compter les deux morts de ce week-end, plus de 45 personnes, selon le décompte de l'AFP, ont perdu la vie dans des violences liées au trafic de stupéfiants.

Ces violences ont également fait juqu'à présent officiellement trois victimes collatérales: le 10 mai une femme de 43 ans tuée par balles cité Saint-Joseph (14e arrondissement), le 24 avril, un homme de 63 ans, atteint à un snack situé à côté d'un point de deal de la cité de la Busserine (14e arrondissement) alors qu'il jouait aux cartes et le 12 septembre une jeune femme de 24 ans succombait de ses blessures après avoir reçu des tirs de kalachnikov alors qu'elle se trouvait à son domicile avec sa mère dans une cité du 10e arrondissement.

La précédente procureure de la ville, Dominique Laurens, avait évoqué un "bain de sang".

"Nous sommes engagés dans une bataille contre le trafic de drogue sous toutes ces formes qui sera sans doute longue", avait également expliqué mi-septembre la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri, fustigeant "un usage débridé des armes de guerre pour essayer de conquérir de nouveaux territoires".