Siandou Fofana: « La coopération interafricaine est une nécessité absolue »
Siandou Fofana, ministre du tourisme et des loisirs en Côte d'Ivoire.

Coopération entre le Maroc et la Côte d’ivoire, l’avenir de l’Afrique, coopération Sud-Sud, intégration africaine… le ministre du tourisme et des loisirs en Côte d'Ivoire, Siandou Fofana partage sa vision en marge du FIAD 2024. (Vidéo)

Images: Khalid Chouri

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Comment la coopération économique renforcée entre le Maroc et la Côte d'Ivoire contribue-t-elle à créer des opportunités mutuelles dans divers secteurs stratégiques, et quelles sont les perspectives à venir pour intensifier ces partenariats ?

Siandou Fofana : Les relations entre le Maroc et la Côte d'Ivoire étaient déjà excellentes, mais aujourd'hui, elles brillent d'une dynamique encore plus intense que jamais. Nos deux nations entretiennent des liens exceptionnels, nourris par une fraternité profonde qui renforce nos relations diplomatiques et humaines. Un exemple frappant de cette solidarité s'est manifesté lors de la dernière Coupe d'Afrique des Nations, organisée en Côte d'Ivoire, où le Maroc a apporté un soutien crucial à notre équipe pour sa qualification. Le peuple ivoirien restera éternellement reconnaissant envers le Maroc pour ce geste de solidarité. Aujourd'hui, nous sommes ici pour exprimer à nos frères marocains notre profonde gratitude pour cet acte de fraternité.

Lors de cette compétition, à chaque victoire de notre équipe, les écrans se sont illuminés aux couleurs du Maroc, et notre capitaine a fièrement arboré le drapeau marocain lors de la célébration du trophée. Cela témoigne que cette victoire est également celle du Maroc, envoyant un message puissant de notre unité dans le succès.

Sur le plan économique, la coopération entre nos deux nations prospère et offre des perspectives larges dans divers secteurs. Nous travaillons ensemble pour renforcer les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux, notamment dans l'agriculture, l'industrie… Cette coopération économique est non seulement bénéfique pour nos économies respectives, mais elle renforce également notre coopération stratégique et notre développement commun.

Quelle est votre vision pour le développement du continent africain et quels sont les défis majeurs à relever ?

Dans une Afrique en plein essor, dotée d'un potentiel colossal, il devient impératif d'exploiter stratégiquement notre position géographique privilégiée. Cela passe par la prise en compte de cinq piliers fondamentaux pour l'avenir du continent. Tout d'abord, la démographie croissante: d'ici 2050, nous serons 2,5 milliards d'habitants, formant un marché prometteur. Il est crucial de répondre aux besoins alimentaires croissants de cette population en promouvant des pratiques agricoles responsables qui nourrissent les enfants africains. Grâce à nos vastes étendues de terres arables, l'Afrique se positionne comme le grenier du monde, capable de contribuer significativement à la sécurité alimentaire mondiale.

Le troisième pilier vise à valoriser nos matières premières par une transformation locale, créant ainsi une valeur ajoutée en Afrique à travers des chaînes de valeur intégrées. Cette approche permettra une transformation partielle ou complète de nos produits avant leur exportation. Cette transformation industrielle non seulement stimulera la création d'emplois, notamment pour les jeunes, mais favorisera également l'émergence d'une classe moyenne dynamique, essentielle pour le développement durable du continent

Qu’en est-il des autres défis auxquels l'Afrique doit faire face pour concrétiser sa vision de devenir un acteur majeur dans l'économie mondiale d'ici 2050 ?

Le quatrième pilier concerne la digitalisation, indispensable pour répondre aux défis de l'ère numérique. Cela implique de mobiliser les ressources nécessaires afin de promouvoir l'épargne et d'assurer une inclusion financière. Cette démarche renforcera les capacités fiscales de l'État, soutenant ainsi le développement des infrastructures sociales et favorisant l'épanouissement de nos populations.

Quant au cinquième pilier, il se concentre sur l'Afrique à l'horizon 2050. Nous envisageons une Afrique résiliente et puissante, dotée d'une capacité énergétique considérable. Cette énergie propre fera de l'Afrique le poumon écologique mondial, grâce à notre capacité à fournir cette énergie propre au reste du monde. Ainsi, une Afrique responsable et respectueuse de l'environnement deviendra un acteur clé de la croissance mondiale dynamique.

Cette vision est réaliste, mais nécessite une préparation adéquate de notre jeunesse. Avec plus d'un milliard de jeunes âgés de moins de 35 ans d'ici 2050, il est essentiel de les former pour qu'ils deviennent une main-d'œuvre qualifiée, flexible et talentueuse, recherchée à l"échelle mondiale. La coopération interafricaine, est une nécessité absolue pour atteindre ces objectifs ambitieux.