A.Patricia Mango: "L'économie congolaise peut tirer profit de l'expertise marocaine"
Annick Patricia Mango, directrice générale de l'API – Congo.

Rencontrée au FIAD 2024, la directrice générale de l'API – Congo, Annick Patricia Mango, reste convaincue que l'expertise marocaine promet beaucoup pour l'économie congolaise. Elle encourage les investisseurs marocains à explorer les opportunités de partenariat et d'investissement dans divers secteurs clés, et met l'accent sur l'importance de la coopération Sud-Sud pour renforcer les échanges économiques en Afrique.

L'Observateur du Maroc et d'Afrique: Quel est l'objectif de la participation du Congo Brazzaville au FIAD 2024 ?

Patricia Mango: La participation du Congo Brazzaville au FIAD 2024 vise à promouvoir les opportunités d'investissement dans le pays et à renforcer la coopération économique à travers des partenariats stratégiques pour un développement durable. En parallèle, nous sommes honorés d'avoir reçu deux prix destinés aux jeunes entrepreneurs et start-up. Il y a de nombreuses start-up au Congo, et nous travaillons activement pour les transformer en champions avec le avec plein appui du gouvernement. Nous cherchons à cultiver des champions en Afrique, spécifiquement dans les domaines des start-up et de l'intelligence artificielle. Avec l'établissement récent d'un centre d'intelligence artificielle au Congo-Brazzaville, notre objectif est de travailler de manière intensive pour combler l'écart technologique avec les pays occidentaux.

Quelles opportunités d’investissement au Congo Brazzaville ?

Les opportunités d'investissement au Congo-Brazzaville sont vastes et illimitées, en raison de la richesse de ses ressources et de son potentiel de développement. Historiquement axé sur le pétrole, le pays a bénéficié d'une stabilité économique basée sur les prix stables du baril, facilitée par sa petite population. Cependant, les fluctuations récentes des prix du pétrole ont souligné la nécessité impérieuse d'une diversification économique. Aujourd'hui, tous les secteurs sont ouverts aux investissements, mettant particulièrement l'accent sur l'agriculture, l'industrie et le tourisme.

L'agriculture, incluant l'élevage, la pisciculture et la pêche, est une priorité absolue pour le Congo. Actuellement, le pays importe pour 700 milliards de denrées alimentaires, ce qui signifie que la plupart des produits consommés sont importés. Pour inverser cette dépendance, le gouvernement offre des exonérations fiscales totales aux investisseurs, aussi bien nationaux qu'étrangers, dans ce secteur crucial. De plus, les droits de douane sur les importations nécessaires sont minimes, fixés à seulement 2%.

Cette initiative vise à stimuler la production locale et à dynamiser le secteur agricole. Bien que d'autres secteurs comme l'industrie et le tourisme soient également ouverts aux investissements, ils ne bénéficient pas des mêmes incitations fiscales. Les investisseurs dans ces secteurs peuvent toutefois s'établir dans des zones économiques spéciales et profiter d'avantages fiscaux temporaires. Le gouvernement souhaite attirer les investisseurs dans ces domaines pour diversifier l'économie et stimuler la croissance.

Comment se porte aujourd’hui la coopération économique entre le Maroc et le Congo-Brazzaville ?

La coopération avec le Maroc est exceptionnelle. En 2019, la visite du Roi Mohammed VI au Congo-Brazzaville a été marquée par la signature de nombreux accords et le financement de divers projets par le Maroc. Plusieurs entreprises marocaines sont déjà implantées au Congo, mais nous croyons que beaucoup d'autres pourraient s'y intéresser. Nous devons redoubler d'efforts pour promouvoir nos atouts et informer les investisseurs marocains des avantages qu'ils peuvent tirer en investissant au Congo. L'agence pour la promotion des investissements est prête à les soutenir, à faciliter leur installation et à les conseiller sur les opportunités disponibles.

Quelles sont les perspectives d'une coopération bilatérale élargie ?

L'économie congolaise peut tirer profit de l'expertise marocaine, étant donné la position avancée du Maroc sur le continent africain. Cette collaboration offre non seulement des avantages économiques réciproques, avec les hommes d'affaires marocains recherchant des opportunités lucratives, mais elle représente également une occasion d'acquérir et d'enrichir les connaissances techniques nécessaires dans divers secteurs. En travaillant de concert, les deux pays peuvent renforcer leur coopération Sud-Sud, un élément crucial pour un développement économique durable en Afrique.

Quel rôle la coopération Sud-Sud pourrait-elle jouer dans le développement économique du Congo-Brazzaville, et plus largement en Afrique ?

C'est un rôle de premier plan, sans aucun doute. Le Roi Mohammed VI a été un véritable précurseur dans ce domaine. Il est crucial que d'autres nations africaines prennent exemple sur cette dynamique. Tout le monde s'intéresse à l'Afrique aujourd’hui. Les ressources naturelles sont chez nous. Et nous devrions travailler ensemble pour le développement économique de notre continent. C'est un effort collectif pour une Afrique prospère.

Le secrétaire général de la Zlecaf a plaidé pour une Afrique entreprenante. Qu’en pensez-vous ?

La validation du protocole d'investissement au sein de la Zlecaf représente une avancée significative, alignant les principes d'investissement à l'échelle continentale. Cela harmonisera les accords bilatéraux à venir, renforçant ainsi l'investissement intra-africain. Cette évolution est cruciale pour notre développement économique. Une fois réalisée, elle positionnera l'Afrique au centre des attentions mondiales, suscitant l'intérêt des autres continents qui cherchent à nous rattraper dans cette dynamique d'action constante. Il est essentiel que l'Afrique travaille ensemble, se soutienne mutuellement et se développe économiquement en tant qu'Afrique unie qui prend en main son destin économique, en valorisant ses richesses naturelles sur place et en favorisant leur transformation locale plutôt que leur exportation brute.

Comment le Congo envisage-t-il de tirer parti de l'enthousiasme des investisseurs marocains manifesté lors du FIAD ?

Le FIAD constitue une plateforme cruciale pour faciliter ces échanges dynamiques et catalyser des investissements mutuellement bénéfiques pour nos deux nations. Les discussions et les questions sont incessantes, explorant ensemble les multiples opportunités disponibles. Certains visiteurs sont agréablement surpris par les perspectives offertes, et nous travaillons activement à approfondir ces contacts une fois à Brazzaville. Notre objectif est d'organiser des missions multisectorielles pour permettre aux investisseurs de découvrir concrètement les opportunités sur le terrain. Nous sommes prêts à les accueillir et à les orienter, que ce soit dans le domaine minier, dans diverses régions ou dans des secteurs spécifiques.